Collège électoral

Histoire du collège électoral

L'un des plus grands débats de la Convention constitutionnelle de 1787 portait sur la présidence : plus précisément, sur la façon dont les présidents devaient être élus et sur qui devait les élire.

Convention constitutionnelle

Certains délégués pensaient qu'il devait s'agir d'un vote populaire (c'est-à-dire que chaque citoyen éligible vote et que le candidat ayant obtenu le plus de voix gagne), tandis que d'autres pensaient qu'on ne pouvait pas faire confiance aux gens ordinaires (c'est-à-dire les pauvres, les hommes qui ne possédaient pas de terres, les femmes et les personnes non blanches) pour prendre des décisions en connaissance de cause. Certains pensent que seul le Congrès devrait avoir le pouvoir de choisir le président, tandis que d'autres pensent que cela pourrait conduire à la corruption et à des quid pro quos entre le Congrès et le président.

En outre, les petits États craignaient qu'une élection populaire ne donne tout le pouvoir aux grands États.

Le compromis du collège électoral

Le collège électoral a été décrit comme une solution de rechange parce que les auteurs de la Constitution avaient du mal à trouver un équilibre entre les différents besoins. Finalement, ils ont décidé de créer un système dans lequel chaque État se voyait attribuer un certain nombre de grands électeurs (ou de votes) en fonction de sa population. Le candidat qui remporte le vote populaire dans l'État gagne alors les points de l'État.

L'esclavage et le collège électoral

Le nombre de représentants (et, par extension, le nombre de grands électeurs) est décidé en fonction de la population de l'État. Dans le Sud, environ 40 % de la population était réduite en esclavage et n'avait pas le droit de voter ou d'être représentée au Congrès. Mais les États du Sud voulaient quand même qu'ils soient comptés dans leur population afin qu'on leur attribue plus de représentants (et de grands électeurs) au Congrès. Cependant, les délégués du Nord estimaient que cela donnerait un avantage injuste au Sud. Ils se sont mis d'accord sur le tristement célèbre compromis des trois cinquièmes, qui stipulait que les personnes asservies compteraient pour trois cinquièmes d'une personne aux fins du décompte de la population.

Le collège électoral dans la Constitution

Le collège électoral figure à l'article II (relatif au pouvoir exécutif), section de la Constitution. En voici un extrait :

La vice-présidence et le 12e amendement

L'article II section I poursuit également en disant :

Si tu as déjà suivi des élections présidentielles, tu sais que ce n'est pas ainsi que les États-Unis choisissent leur vice-président aujourd'hui ! Pendant la Convention constitutionnelle, les auteurs ont pensé qu'il serait plus juste que la personne ayant obtenu le plus grand nombre de voix remporte la présidence et que la personne ayant obtenu le deuxième plus grand nombre de voix remporte la vice-présidence.

Douzième amendement

En 1804, le Congrès a adopté le douzième amendement, qui a mis à jour le processus électoral en exigeant des votes séparés pour le président et le vice-président afin de réduire les possibilités d'ingérence des partis et d'égalité des résultats.

Vingt-troisième amendement

La prochaine mise à jour constitutionnelle majeure du processus électoral a eu lieu en 1961 avec le vingt-troisième amendement. Après plusieurs décennies de plaidoyer, l'amendement accorde à Washington D.C. (qui n'a ni sénateur ni représentant) le droit de nommer des grands électeurs tout comme les 50 États.

Carte du collège électoral

Aujourd'hui, il y a 538 grands électeurs dans les 50 États et à Washington D.C. Les candidats doivent obtenir plus de la moitié des points électoraux (270, pour être exact) pour gagner - une fois qu'une personne a franchi le seuil des 270 points, elle gagne officiellement la présidence. Regarde la carte ci-dessous pour en savoir plus sur leur répartition !

Figure 1 : La carte du collège électoral de 2024. Source : Chessrat, Wikimedia Commons, CC-BY-1.0

Votes du collège électoral

Les votes du collège électoral sont déterminés par le nombre de législateurs du Congrès (sénateurs et représentants) que compte l'État.

Consulte le tableau ci-dessous pour voir combien de points chaque État obtient dans le collège électoral ! La Californie en a le plus avec 54, tandis que quelques États sont à égalité avec le moins, soit 3. Garde à l'esprit que le nombre de votes électoraux peut changer d'une année sur l'autre en fonction de l'augmentation ou de la diminution de la population. Par exemple, entre 2020 et 2024, certains États (notamment la Pennsylvanie, New York, le Michigan et la Floride) ont perdu un vote chacun, tandis que d'autres États (comme l'Oregon et le Montana) en ont gagné. Ces données datent de 2024^.1

Comment les électeurs sont-ils choisis ?

La Constitution laisse à chaque État le soin de décider comment il souhaite choisir ses grands électeurs. Au début, la législature de l'État choisissait généralement les grands électeurs. Aujourd'hui, les grands électeurs sont surtout cérémoniels et sont souvent nommés par les chefs de parti.

Le vainqueur des votes électoraux de l'État (et donc la personne à laquelle les grands électeurs donnent leur voix) est déterminé par le vote populaire. Quarante-huit États et Washington D.C. utilisent un système où le gagnant remporte tous les suff rages. Cela signifie que celui qui obtient le plus de voix dans l'État remporte tous les points de l'État. Le Maine et le Nebraska utilisent un système proportionnel . Le vote se fait par district, de sorte que le candidat qui remporte chaque district individuel gagne son vote.

Électeurs infidèles

La Constitution n'exige pas légalement que les grands électeurs votent pour le candidat choisi par leur État ou leur district. Les électeurs qui votent pour quelqu'un d'autre que la personne qui a remporté le scrutin dans leur État ou leur district sont appelés des électeurs infidèles. Les électeurs infidèles ne se produisent pas souvent et ils n'ont pas changé le résultat d'une élection (de plus, la plupart des États prévoient des amendes pour les électeurs infidèles). En 2016, il y avait dix électeurs infidèles, dont la plupart ont voté pour un troisième parti.

Figure 2 : Les États marqués en rouge ont des lois pour punir les électeurs infidèles. Source : Mailman9, Wikimedia Commons, CC-BY-SA-3.0

Procédure

Une fois que le candidat a atteint les 270 voix nécessaires en novembre, les grands électeurs se réunissent pour une session conjointe au Congrès le 6 janvier. Une fois tous les votes comptés, le vice-président annonce officiellement le vainqueur.

Élections contingentes et indécises

On parle d'élection contingente lorsqu'aucun candidat n'atteint les 270 voix nécessaires, et d'élection indécise lorsque l'élection se solde par une égalité. Dans les deux cas, c'est la Chambre qui décide qui doit être président.

Avantages et inconvénients du collège électoral

Au fil des ans, le collège électoral a été critiqué comme étant dépassé et raciste en raison de ses origines esclavagistes. Mais d'autres soulignent qu'il n'existe pas vraiment de bon système alternatif.

Le pour

L'un des avantages remonte aux débats de la Convention constitutionnelle : le collège électoral aide à équilibrer le pouvoir entre les grands et les petits États. Par exemple, la Californie compte près de 40 millions d'habitants, contre 1 million pour le Rhode Island. Au lieu d'une différence de 39 millions de voix, il n'y a qu'une différence de 51 voix.

Un autre avantage est qu'il permet de s'assurer qu'un nouveau président sera choisi. Les périodes d'ambiguïté ou d'incertitude dans le leadership conduisent souvent à des troubles, c'est pourquoi le fait d'avoir un processus gravé dans le marbre permet d'assurer des transitions pacifiques d'un président à l'autre.

• Équilibre des pouvoirs entre les petits et les grands États
• Certitude des résultats des élections
• Transition en douceur du pouvoir

Inconvénients

L'un des points négatifs est que le collège électoral donne un pouvoir énorme aux États en ballotage. Si tu es un candidat politique et que ton parti domine un État mais n'a aucune chance d'en gagner un autre, tu ne consacreras probablement pas beaucoup de temps ou d'efforts à ces États. Les États qui passent d'un parti à l'autre sont souvent appelés États de combat parce que les candidats dépensent beaucoup d'argent et de temps pour essayer de persuader les gens de cet État de voter pour eux.

Cela peut aussi signifier que si tu ne te trouves pas dans un État en mouvement, ou si tu as voté pour le candidat républicain dans un État démocrate (et vice versa), tu peux avoir l'impression que ton vote n'a pas d'importance.

Parce qu'il est très coûteux de mener des campagnes électorales, le collège électoral fait qu'il est pratiquement impossible pour un candidat tiers de gagner une élection. Cela signifie également que les candidats ont besoin du soutien de l'un des deux grands partis pour avoir une chance de gagner.

Enfin, le collège électoral est devenu de plus en plus impopulaire parce qu'il peut parfois aller à l'encontre du vote populaire. Cela s'est produit à cinq reprises, dont deux des plus controversées en 2000 (lorsque Al Gore a remporté le vote populaire mais que George W. Bush a gagné le collège électoral) et en 2016 (lorsque Hillary Clinton a remporté le vote populaire mais que Donald Trump a gagné la présidence).

Figure 3 : Cette carte de l'élection de 1932 montre comment la grande majorité des États ont voté pour le candidat républicain, Franklin Delano Roosevelt, mais il n'a remporté que 57 % du vote populaire. Source : Andy85719, Wikimedia Commons