Féminisme socialiste

Définition du féminisme socialiste

Le féminisme socialiste est une ramification du féminisme classique qui met l'accent sur l'importance de la lutte des classes pour lutter contre les inégalités sociales. Les féministes socialistes croient que les structures politiques, économiques et culturelles préexistantes doivent être remises en question et repensées pour créer des sociétés plus justes et plus égalitaires.

Les féministes socialistes attirent l'attention sur la façon dont le patriarcat et le racisme sont des structures systématiquement oppressives qui créent des inégalités structurelles entre les sexes pour les femmes et les personnes présentant des variantes de genre. Selon elles, le capitalisme est à l'origine de toutes ces structures oppressives.

L'objectif principal du féminisme socialiste est de souligner comment le capitalisme exacerbe les effets néfastes des structures patriarcales et comment le patriarcat alimente les conséquences négatives du capitalisme sur les hommes et les femmes. Par conséquent, pour lutter contre l'inégalité entre les sexes, les féministes socialistes soutiennent que le capitalisme, qui est à l'origine de toutes les oppressions, doit être remis en question et démantelé pour être remplacé par un système économique socialiste.

Il faut noter que le Féminisme socialiste cherche à remettre en cause et à démanteler d'autres formes d'oppression, comme le racisme, qui aggravent et alimentent les effets néfastes du patriarcat.

La différence entre le féminisme socialiste et les autres branches du féminisme est que les féministes socialistes cherchent à restructurer et à redéfinir complètement les systèmes politiques, économiques et sociaux existants qui permettent l'oppression des femmes et des personnes ayant des différences de genre.

Principales caractéristiques du féminisme socialiste

Nous connaissons déjà la définition et l'objectif du féminisme socialiste. Nous allons maintenant approfondir les caractéristiques essentielles de ce mouvement.

Intersectionnalité

Selon l'historienne féministe Linda Gordon, le féminisme socialiste est différent. Après tout, il est intersectionnel à la base, du moins dans une certaine mesure, car il prend en compte à la fois le genre et la classe.

Le terme a été utilisé pour la première fois par Kimberlé Crenshaw, qui a étudié comment les identités sociales croisées dans les groupes minoritaires étaient liées aux systèmes d'oppression et de discrimination.

Sous ce terme, les féministes socialistes ont intégré le mouvement des féministes noires aux mains de Claudia Jones. Jones a travaillé sur la théorie selon laquelle les femmes de couleur subissaient une oppression fondée sur la race, la classe et le sexe, ce qu'elle a appelé la "triple oppression^"3.

La théorie de Jones a également mis en évidence la façon dont les femmes blanches ont négligé d'introduire efficacement les femmes de couleur dans le mouvement féministe socialiste et se sont révélées déficientes à cet égard.

Les rôles de genre et la division du travail

Les féministes socialistes affirment que la division du travail en fonction du sexe n'est pas naturelle et qu'elle est source d'oppression. Pour favoriser des sociétés plus équitables, les féministes socialistes visent à remettre en question les systèmes sociaux et économiques qui imposent les rôles de genre. Tu trouveras ci-dessous quelques exemples de critiques féministes socialistes sur les rôles attribués aux hommes et aux femmes :

Les féministes socialistes telles que Charlotte Perkins Gilman considéraient la professionnalisation des tâches ménagères comme essentielle à leur libération des circonstances du travail en tant que mère et ménagère.

Relations avec les hommes

Il est crucial de noter que si le féminisme socialiste s'oppose au patriarcat, il ne s'oppose pas aux hommes. C'est un élément communément mal compris du féminisme en général. En fin de compte, les féministes socialistes ne détestent pas les hommes. Elles s'opposent plutôt au patriarcat et au capitalisme en tant que deux systèmes oppressifs.

Selon les féministes socialistes, la masculinité toxique nuit aux individus dans toute la société, quelle que soit leur identité de genre. La pression exercée sur les hommes pour qu'ils se conforment aux rôles de genre, en particulier au binaire de genre, contribue à la crise de la culture du viol et à la normalisation de la violence à l'égard des femmes.

La politique féministe socialiste soutient que ce comportement normalisé est un autre élément de la construction de genre du patriarcat conçu pour nuire aux femmes.

La théorie du féminisme socialiste préconise un changement radical des structures oppressives afin de libérer les femmes et de mettre fin aux conséquences négatives du système patriarcal, qui rend les femmes économiquement dépendantes des individus de sexe masculin en raison d'un équilibre inégal des richesses.

Théorie du féminisme socialiste

Le féminisme socialiste s'appuie sur les idées de Karl Marx pour affirmer que l'oppression de classe faisait des femmes des citoyennes de seconde zone et qu'avec le changement du système capitaliste, elles pouvaient retrouver leurs droits. Frederick Engels, célèbre théoricien politique, s'est fait l'écho de Marx en affirmant que les femmes seraient opprimées si elles conservaient leur rôle au sein de la construction familiale nucléaire.

Cependant, le féminisme socialiste est allé encore plus loin en affirmant que l'oppression sexuelle n'est pas due à l'appartenance à une classe opprimée, mais plutôt à la théorie du double système.

Le concept selon lequel la cause de l'assujettissement des femmes est un système lié à la race, à la classe sociale, au sexe, à la sexualité et à la nation est au centre de la philosophie féministe socialiste. Par conséquent, les féministes socialistes s'intéressent à un large éventail d'oppressions plutôt qu'au seul système sexe/genre.

Cependant, les socialistes et les féministes socialistes ont tendance à ne pas être d'accord avec l'accent mis par le socialisme sur la politique de classe, qui est au cœur de son idéologie, plutôt que de se concentrer sur d'autres questions telles que la politique raciale ou sexuelle.

Exemples de féminisme socialiste

L'exemple le plus remarquable du féminisme socialiste est celui des livres et des essais qui ont soutenu la théorie. Les plus populaires sont :

^{Tableau 1 - Exemples de féminisme socialiste.}

Cependant, plusieurs mouvements mettent la théorie en pratique. Nous approfondirons à leur sujet dans la section suivante.

Groupes de féminisme socialiste

Au cours des dernières décennies, de nombreux groupes féministes socialistes se sont réveillés pour lutter pour les droits des femmes. Ci-dessous, nous parlerons de quelques-uns des groupes les plus remarquables :

Pan y Rosas (Pain et Roses)

Fig. 1 - Organisation Pan y Rosas.

Pan y Rosas est une organisation féministe créée en Argentine qui milite pour la libération des femmes à travers une approche socialiste. L'organisation compte 3 500 membres actifs en ^Argentine4, dont la plupart sont membres du Parti socialiste ouvrier.

Sa fondation remonte à 2003, lors de la 18e convention nationale des femmes à Rosario[6], en Argentine. L'organisation s'est déjà répandue dans le reste de l'Amérique latine et en Espagne.

Parti socialiste de la liberté

Fig. 2 - Logo du Parti socialiste de la liberté.

Le Freedom Socialist Party est une organisation marxiste basée aux États-Unis. Elle milite pour la liberté raciale, la libération des femmes, l'égalité des LGTBI et les droits civiques universels.

Ce parti a été créé en 1966 à ^Seattle6, au plus fort des manifestations contre la guerre du Vietnam. L'organisation compte actuellement des sections aux États-Unis et en Australie et des membres en Angleterre, en Allemagne et en Nouvelle-Zélande.

Femmes radicales

Radical Women est un mouvement féministe socialiste fondé aux États-Unis qui croit en l'organisation de plusieurs questions autour des besoins des plus marginalisés. Il s'agit de l'aile extrémiste du mouvement féministe américain.

Il est apparu à Seattle, aux États-Unis, sous la forme d'un mouvement populaire soutenu par un groupe de féministes révolutionnaires en 1967. Dans ses premières années, il a organisé des grèves contre les bas salaires et s'est engagé aux côtés des Afro-Américains dans des programmes sociaux.

Critique du féminisme socialiste

Le féminisme socialiste est une aile révolutionnaire du mouvement féministe. Nous avons maintenant abordé sa théorie et des exemples de groupes représentant cette doctrine. Nous allons maintenant t'expliquer tout ce qu'il faut savoir sur les critiques et les failles de sa théorie.

Les féministes socialistes ont créé la théorie du double système, expliquée ci-dessus, et c'est la source de la plupart des critiques, car cette théorie ne définit pas d'autres types d'oppression, comme l'oppression raciale.

Le féminisme socialiste s'est attaqué de front aux questions de classe et de sexe, mais il a souvent été aveugle à la race, à la sexualité et au handicap. Ses détracteurs affirment que pour comprendre notre société, il faut prendre en compte d'autres formes d'oppression, notamment les causes de l'inégalité et l'hétérogénéité des femmes en tant que classe.

Au détriment d'autres aspects de la vie des femmes, comme la sexualité, la violence ou l'avortement, le féminisme socialiste a mis l'accent sur la partie économique de l'inégalité entre les sexes. Ce mouvement féministe s'est concentré sur l'oppression économique parce que les luttes féministes autonomes ont été perçues comme bourgeoises et susceptibles de produire des conflits entre les femmes et les hommes pauvres.

Bien que le féminisme socialiste soit intersectionnel, de nombreuses féministes, en particulier les femmes de couleur, ont critiqué le mouvement pour des questions liées à l'égalité raciale.