Démocratie chrétienne

Définition de la démocratie chrétienne

L'idéologie de la démocratie chrétienne

Les idées du mouvement de la démocratie chrétienne sont nées en Europe au milieu du 19e siècle. À cette époque, il était étroitement associé au catholicisme romain et était particulièrement influent en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne et en France. Le mouvement croyait que la dignité humaine, qui, à ses yeux, était une qualité unique ordonnée par Dieu, était mieux réalisée grâce au pluralisme politique et aux enseignements sociaux chrétiens

L'un des aspects les plus uniques de la démocratie chrétienne est qu'il s'agit d'une idéologie qui ne peut pas être facilement catégorisée, car elle prône à la fois une société à l'esprit conservateur basée sur les valeurs chrétiennes et des idées progressistes comme l'établissement de l'État-providence.

Le tableau suivant illustre davantage les diverses positions politiques de la démocratie chrétienne :

L'histoire de la démocratie chrétienne

Les idées, les principes et les croyances qui sous-tendent la démocratie chrétienne ont commencé à se former à la suite de la Révolution française. Comme tu le verras dans la section suivante, l'Église catholique a joué un rôle important dans la formation de plusieurs des idées et des principes qui allaient plus tard faire partie du mouvement de la démocratie chrétienne.

L'Église catholique

Après la fin de la Révolution française, l'Église catholique a maintenu une position radicalement opposée à la montée de la démocratie. L'Église ne considère pas seulement la démocratie comme une menace, elle la considère comme antithétique à ses valeurs et rejette d'emblée la notion de séparation de l'Église et de l'État. Elle était particulièrement opposée à l'idée française d'un chef d'État tirant son autorité du peuple et non de Dieu. En fait, en 1861, le pape Pie XI est allé jusqu'à déclarer que cette évolution vers la démocratie était non seulement une erreur, mais que l'idée même que l'Église tente de concilier ses croyances et ses valeurs avec la démocratie était également une erreur.

Cependant, au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, il est devenu évident qu'avec la montée de la démocratie libérale en Europe, l'Église risquait d'être marginalisée sur le plan politique. Elle savait que si elle avait un espoir de conserver une quelconque influence au sein de la société, elle devrait changer de stratégie et se tailler un rôle dans le cadre des institutions démocratiques nouvellement créées. Consciente de sa position précaire, l'Église a lentement commencé à concilier ses croyances avec l'évolution des temps.

Les constitutions européennes et l'État providence

Ce changement de stratégie de l'Église a commencé à porter ses fruits pour la démocratie chrétienne au début du 20e siècle. Le politologue Carlo Invernizzi Accetti souligne que ce sont les démocrates chrétiens qui ont rédigé les constitutions de plusieurs pays d'Europe continentale. Par exemple, ce sont des démocrates chrétiens qui ont rédigé la première constitution de l'Allemagne, qui contient à la fois des valeurs chrétiennes et des principes fondamentaux en matière de droits de l'homme. L'intégration de ces principes dans les constitutions avait pour but de restreindre ou d'inhiber l'autonomie et le pouvoir d'autogestion du peuple. En effet, pendant l'entre-deux-guerres, les démocrates chrétiens ont reconnu qu'une démocratie instable pouvait conduire à la croissance d'idéologies dangereuses telles que le fascisme et le nazisme. En inscrivant ces principes dans les constitutions européennes, elles donnent aux organes judiciaires le droit d'empêcher les majorités élues d'enfreindre les principes fondamentaux des droits de l'homme énoncés dans la constitution.

État providence

On attribue également à la démocratie chrétienne l'établissement du concept d'État providence en Europe continentale. La différence essentielle réside dans le fait que si les États providence établis dans les pays d'Europe du Nord reposent sur des principes d'égalité, les États providence de la démocratie chrétienne établis dans des pays comme l'Italie et l'Allemagne reposent sur une conception organique de la société dans laquelle les différents segments de la société ont des fonctions et des rôles différents à jouer. Si ces segments sont incapables de remplir leur rôle dans la société, l'État doit alors intervenir et leur fournir l'aide dont ils ont besoin pour remplir leur rôle. La raison d'être de cette idée plus conservatrice de la protection sociale était de maintenir l'harmonie entre les classes sociales et de prévenir la révolution.

Fig. 1 - Révolution française - Prise de la Bastille

Démocratie chrétienne - Boussole politique

Afin de voir la boussole politique au sein de la démocratie chrétienne, nous pouvons nous pencher sur des exemples spécifiques de la façon dont la démocratie chrétienne contemporaine prône un retour à une société plus en phase avec les valeurs chrétiennes. Nous examinerons également comment les démocrates chrétiens penchent en ce qui concerne les politiques économiques. Il est important de noter que tous les démocrates chrétiens ne seront pas nécessairement d'accord ou en désaccord sur les mêmes choses et n'auront pas une boussole politique identique.

Opposition au droit à l'avortement

Les démocrates chrétiens sont sans équivoque favorables à la vie en ce qui concerne les arguments relatifs à l'avortement. Bien qu'il y ait certains cas dans lesquels il est acceptable, la démocratie chrétienne défend généralement le point de vue du maintien de la vie. Cela correspond également à d'autres politiques de maintien de la vie telles que l'opposition à l'aide à la mort et à la peine de mort.

Une loi et un ordre stricts

La démocratie chrétienne préconise des lois strictes contre la consommation et la distribution de drogues, dans le cadre d'un point de vue socialement conservateur et d'un soutien au devoir de l'individu envers sa communauté.

Soutien à la structure familiale traditionnelle

La démocratie chrétienne défend la structure chrétienne de la famille, c'est-à-dire le mariage entre un homme et une femme (rejet des relations et du mariage LGBT+), et le fait que les enfants naissent dans le cadre du mariage.

Des politiques économiques qui soutiennent la communauté dans son ensemble

Les démocrates-chrétiens ne soutiennent ni un marché non réglementé, ni un marché fortement influencé par l'État. La solution est un État-providence fort qui peut protéger l'individu, ainsi qu'une idée appelée économie sociale de marché. Une économie sociale de marché est une économie qui établit un équilibre entre les droits des entreprises et ceux des individus, où les entreprises ne peuvent pas former de monopoles et ne pas être contrôlées par un manque de réglementation. Une économie sociale de marché n'essaie pas de guider la production comme le ferait une économie communiste. Cependant, elle n'autorise pas les pouvoirs incontrôlés du marché. Elle protège l'individu et tente de répondre aux besoins de chacun par le biais d'une certaine réglementation et d'un système de protection sociale solide.

Opposition à la laïcité et à l'individualité

Comme nous l'avons déjà évoqué, la démocratie chrétienne s'oppose à la séparation de l'Église et de l'État et considère que l'individualisation de la société est nuisible au bien commun. Les démocrates-chrétiens estiment que l'individu a une responsabilité envers la communauté, car c'est sur elle qu'il s'appuie. Cela s'applique également aux politiques relatives au changement climatique, les démocrates-chrétiens estimant qu'il est du devoir de l'humanité de protéger la Terre et de soutenir son fonctionnement naturel.

Forces et faiblesses de la démocratie chrétienne

Comme la plupart des idéologies, la démocratie chrétienne possède sa part de forces et sa part de faiblesses. Le tableau ci-dessous met en évidence certains des aspects les plus saillants de ce mouvement politique.

Exemples de démocratie chrétienne

On trouve des partis chrétiens-démocrates dans plusieurs pays du monde. Comment cette idéologie se manifeste-t-elle aujourd'hui ? Ensuite, nous mettrons brièvement en lumière quelques-uns des exemples les plus marquants de partis démocrates-chrétiens en Allemagne et au Chili.

L'Union chrétienne-démocrate (CDU)

Deuxième parti politique d'Allemagne et parti de l'ancienne chancelière Angela Merkel, la CDU est un parti chrétien-démocrate qui sert de fourre-tout à de nombreux chrétiens.

Le parti représente les conservateurs chrétiens ainsi que les libéraux et les socialistes, ce qui en fait une force politique puissante qui peut travailler avec une base d'électeurs plus large pour gagner en influence. Le parti a dirigé le gouvernement fédéral allemand très récemment, de 2005 à 2021, et ses politiques étaient conformes à ce que nous avons décrit précédemment : les questions sociales étaient considérées comme plus conservatrices, l'accent économique étant mis sur une économie de marché libre avec un État-providence fort. La chancelière Merkel était perçue comme une personne représentant un large éventail de voix, ce qui fait écho à l'auto-description du parti comme étant le Volkspartei, ou le parti du peuple.

Fig. 2 - Angela Merkel

Le parti démocrate-chrétien du Chili (CDP)

Le CDP du Chili fait actuellement partie de la coalition au pouvoir au Chili, et trois de ses présidents ont été élus depuis 1964. En Amérique du Sud, on peut dire que la démocratie chrétienne est plus "à gauche" qu'en Europe, car elle a été en partie influencée par la théologie de la libération qui cherche à libérer les pauvres de l'exploitation et de l'oppression. Le CDP du Chili cherche à combiner les valeurs socialistes avec le marché libre, faisant écho à ses homologues européens, mais en mettant davantage l'accent sur l'éthique chrétienne, en s'opposant par exemple récemment à l'avortement à la demande.