Le terme est évidemment un euphémisme, car il constitue en réalité la dernière étape de l'Holocauste, le génocide qui entraine la mort d'environ 6 millions de personnes juives. D'abord soumises aux ghettos et à la déportation, les populations juives sont ensuite victimes d'une politique d'extermination. Discutée lors de la conférence de Wannsee en 1942, la Solution finale est en place depuis l'opération Barbarossa en juin 1941. Voyons plus en détail comment le Troisième Reich met en place ce massacre méthodique.
- On abordera la genèse de l'Holocauste, avec les lois antisémites du Troisième Reich.
- Tu verras ensuite les étapes de la Solution finale : les commandos de la mort de Reinhard Heydrich, la conférence de Wannsee et les camps d'extermination.
- Enfin, tu auras un aperçu du démantèlement de la Solution finale.
Genèse de l'Holocauste
Holocauste (ou Shoah) : nom donné à la déportation et à l'extermination massives et systématiques des Juifs d'Europe par les nazis tout au long de la Seconde Guerre mondiale
Ce génocide coûte la vie à environ 6 millions de juifs, soit les deux tiers de la population juive d'Europe et 90 % des juifs polonais. Il est progressivement organisé par le Troisième Reich. À l'accession d'Hitler au pouvoir en 1933, c'est d'abord l'institutionnalisation de l'antisémitisme et la persécution de la population juive qui priment.
Antisémitisme du Troisième Reich
Le nazisme, la doctrine d'Adolf Hitler, est intrinsèquement antisémite. Une fois qu'il devient chancelier allemand en janvier 1933, Hitler met alors en œuvre une série de politiques qui excluent et persécutent la population juive allemande :
7 avril 1933 : Les juifs (et les opposants politiques) sont écartés de la fonction publique et des postes gouvernementaux. Il en sera de même plus tard pour les avocats, les juges, les médecins et les enseignants.
Bien qu'incroyablement discriminatoires, les premières politiques d'Hitler n'impliquent pas de violence physique. La nuit du 9 novembre 1938, cependant, les choses changent.
Nuit de Cristal
La nuit de Cristal désigne la violence antisémite perpétrée par le parti nazi les 9 et 10 novembre 1938. Le régime brûle des synagogues, attaque des commerces juifs et profane les maisons des Juifs.
L'expression « nuit de Cristal » fait référence à la quantité de verre brisé dans les rues le lendemain, mais elle tend à glorifier les événements. On lui préfère en Allemagne le terme Reichspogromnacht soit la nuit du pogrom du Reich, plus neutre.
Le 7 novembre 1938, Ernst vom Rath, un homme politique allemand, est assassiné à Paris par Herschel Grynszpan, un étudiant juif polonais. Hitler et Joseph Goebbels, son ministre de la Propagande, organisent alors une série de représailles violentes contre les juifs d'Allemagne le 9 novembre. Des foules nazies attaquent synagogues, boutiques, maisons et populations juives. Le pogrom se prolonge durant toute la journée du lendemain.
Pogrom : attaque, pillage et meurtres perpétrés contre une communauté juive
Selon le discours officiel des responsables nazis, cette vague de violence est spontanée, alors même qu'elle est orchestrée par le parti.
Image 1. Des officiers nazis répandant de l'essence dans une synagogue, 9–10 novembre 1938
Cette nuit marque un tournant dans l'antisémitisme du parti nazi. Il devient un principe fondamental du Troisième Reich et la liberté de la population juive est considérablement réduite en quelques semaines.
Invasion de la Pologne et ghettos juifs
L'invasion allemande de la Pologne le 1ᵉʳ septembre 1939 voit quelque 3,5 millions de juifs polonais tomber sous le contrôle des nazis et des Soviétiques. L'invasion marque le début de l'Holocauste en Pologne. Pour confiner la population juive de Pologne, les nazis forcent les juifs à s'installer dans des ghettos improvisés, ce qui permet plus tard de procéder plus facilement à leur exécution.
Image 2. Ghetto juif de Frysztak
Implémentation de la Solution finale
La « Solution finale à la question juive » est véritablement mise en place à partir de 1941. La politique nazie passe de la déportation des juifs à leur extermination.
Attention, cela ne signifie pas qu'aucune personne juive n'ait été tuée par des nazis jusque-là, mais plutôt que les efforts de l'État se portent désormais sur l'élimination de toute une catégorie de la population, soit un génocide.
Le 22 juin 1941, le Troisième Reich lance son invasion de l'Union des républiques socialistes soviétiques, l'opération Barbarossa, qui entraine la modification de la politique nazie. Jusqu'alors, Hitler s'était concentré sur l'expulsion forcée des Juifs d'Allemagne afin de créer un Lebensraum (espace vital) pour les Allemands.
Le plan Madagascar prévoyait de déporter la population juive européenne sur l'île de Madagascar, alors colonie française.
Deux phases majeures composent la Solution finale : les Einsatzgruppen et les camps d'extermination. La conférence de Wannsee de janvier 1942 marque le passage à la deuxième phase.
Phase une : les commandos de la mort de Reinhard Heydrich
Reinhard Heydrich, alors directeur de la Gestapo, constitue en 1939 une force spéciale : les Einsatzgruppen (groupes d'intervention). Ces groupes mobiles sont chargés d'assassiner communistes et juifs : ce sont les commandos de la mort.
Dans le cadre de l'opération Barbarossa, les Einsatzgruppen reçoivent l'ordre d'anéantir tous les juifs, quel que soit leur âge ou leur sexe. Ils opèrent alors l'assassinat systématique des juifs sur le territoire soviétique.
Image 3. Exécution de juifs de Kiev par des Einsatzgruppen à Ivanhorod en Ukraine, 1942
Les Einsatzgruppen procèdent à une série d'exécutions de masse en 1941, c'est la « Shoah par balles » :
À la fin de l'année 1941, près d'un demi-million de juifs ont été assassinés à l'Est. Les Einsatzgruppen déclarent des régions entières libérées des Juifs. Entre 1941–1944, la Shoah par balles fait près d'un million et demi de victimes en Ukraine. 1
La conférence de Wannsee
Le 20 janvier 1942, quinze hauts responsables nazis se réunissent à Wannsee pour mettre au point l'organisation de la Solution finale. On retrouve Reinhard Heydrich, qui la préside, Adolf Eichmann, chargé du secrétariat, ou encore Heinrich Müller.
Heydrich évalue à 11 millions le nombre de personnes juives concernées, prenant ainsi en compte les populations des pays sous contrôle du IIIᵉ Reich et ceux des pays européens neutres.
La conférence de Wannsee fait suite à l'annonce du plan d'extermination massive et méthodique des juifs en octobre 1941 par Heinrich Himmler, chef de la SS. Le premier cas signalé de gazage de juifs a lieu à Chełmno le 8 décembre 1941. À l'heure de la conférence, la Solution finale a ainsi déjà commencé. La conférence a cependant une importance symbolique pour trois raisons :
elle institue le rôle d'Heydrich comme artisan ;
elle entérine le contrôle de la SS sur le processus de la Solution finale ;
elle entraine la collaboration totale de l'ensemble de l'administration nazie.
Phase deux : déportation aux camps d'extermination
Le plan d'Himmler, connu plus tard sous le nom d'opération Reinhard (Aktion Reinhard), prévoit la création de trois camps d'extermination en Pologne : Bełżec, Sobibór et Treblinka.
Reinhard Heydrich meurt en juin 1942 des suites d'un attentat par trois résistants tchèques. Les représailles sont terribles et le plan de la Solution finale porte son nom en hommage à sa participation dans l'Holocauste.
Image 4. Camp d'extermination de Sobibór, 1943
Pendant la construction de ces camps, les SS utilisent des chambres à gaz mobiles pour exécuter les juifs au camp d'extermination de Chełmno.
Le gaz est utilisé par les nazis depuis 1939, d'abord pour assassiner des adultes handicapés physiques et mentaux lors de l'opération T4 (Aktion T4). La majorité des exécutants sont ensuite affectés à l'opération Reinhard.
Trois autres camps de la mort sont ensuite créés : Bełżec est opérationnel en mars 1942, et les camps de Sobibór et Treblinka sont mis en service à la fin de l'année sous la direction de Franz Stangl. Les camps de concentration Majdanek et Auschwitz-Birkenau sont aussi utilisés comme camps d'extermination.
En théorie, les camps de concentration et d'extermination n'ont pas la même fonction. Dans les premiers, les prisonniers sont contraints de travailler dans des conditions épouvantables, tandis que les seconds sont explicitement conçus pour tuer les prisonniers.
Cependant, un programme d'extermination de masse est en cours à Auschwitz depuis juin 1941. Un an après, Auschwitz-Birkenau est devenu le centre de mise à mort le plus meurtrier d'Europe. Sur les 1,3 million de prisonniers détenus tout au long de la guerre, on estime que 1,1 million n'en sont pas sortis, soit l'équivalent de la métropole toulousaine.
Pour la seule année 1942, l'Allemagne estime que plus de 1,2 million de personnes sont exécutées à Bełżec, Treblinka, Sobibór et Majdanek. Pendant le reste de la guerre, ces camps de la mort voient environ 2,7 millions de Juifs exécutés par balle, asphyxie ou gaz toxique.
Libération des camps et fin de la Solution finale
Le monde ne découvre la réalité des camps qu'à la victoire alliée. En 1943, face à l'avancée des troupes alliées, Bełżec, Sobibór et Treblinka sont démantelés par les nazis. Chełmno reprend du service en juin et juillet 1944, avant d'être à son tour démantelé en 1945. Au cours de l'été 1944, les forces soviétiques repoussent les puissances de l'Axe et traversent la Pologne et l'Allemagne de l'Est. Les soldats découvrent des camps de travail, des installations de mise à mort et des charniers nazis, malgré la tentative d'effacer les traces sur les principaux camps d'extermination.
L'Armée rouge libère Majdanek en juillet 1944, puis Auschwitz, Stutthof et Sachenhausen en 1945. Les États-Unis libèrent Dachau, Mauthausen et Flossenbürg, tandis que les Britanniques libèrent Bergen-Belsen et Neuengamme.
Après la guerre, 161 nazis de haut rang responsables de la Solution finale sont jugés et condamnés lors des procès de Nuremberg en 1945–1946. L'ensemble des chefs d'accusation sont complots, crimes de guerre, crimes contre la paix et crimes contre l'humanité. Ces derniers sont définis et utilisés pour la première fois.
Les principaux artisans de la Solution finale échappent à la justice, mais temporairement pour certains :
- Heydrich meurt en 1942.
- Hitler et Himmler se suicident en 1945.
- Eichmann se cache d'abord en Europe puis s'enfuit en 1950 en Argentine avec l'aide du Vatican. Il est capturé en 1960 par les services de renseignements israéliens, condamné à mort en 1961 et exécuté en 1962.
- Stangl bénéficie également du réseau catholique pour s'enfuir, d'abord en Syrie puis au Brésil. Arrêté en 1967, il est extradé en Allemagne, condamné à la perpétuité et meurt en prison en 1971.
Solution finale - Points clés
- La Solution finale, de son nom complet « solution finale à la question juive » désigne l'extermination massive de la population juive européenne par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Elle prend racine dans l'idéologie antisémite nazie, institutionnalisée par le Troisième Reich.
- La Solution finale est lancée en juin 1941 avec l'opération Barbarossa, où la politique nazie passe de la déportation à l'extermination des juifs.
- Les Einsatzgruppen procèdent à des exécutions de masse sur le territoire soviétique, c'est la « Shoah par balles ».
- Des camps d'extermination sont construits à partir de 1941.
- La Solution finale constitue l'un des événements les plus brutaux de l'histoire moderne, rouage majeur du génocide de 6 millions de personnes : l'Holocauste.
Références
- « La Shoah par balles, fusillades en Ukraine » Site Internet du Mémorial de la Shoah (consulté le 22 avril 2023)
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Gabriel Freitas is an AI Engineer with a solid experience in software development, machine learning algorithms, and generative AI, including large language models’ (LLMs) applications. Graduated in Electrical Engineering at the University of São Paulo, he is currently pursuing an MSc in Computer Engineering at the University of Campinas, specializing in machine learning topics. Gabriel has a strong background in software engineering and has worked on projects involving computer vision, embedded AI, and LLM applications.
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