La capitulation allemande de 1945 commence avec les batailles perdues par le Troisième Reich et les troupes de la Wehrmacht lors du débarquement de Normandie et la bataille de Stalingrad. Les Alliés de l'Ouest et de l'Est récupèrent les terrains perdus et se rapprochent du cœur de l'Allemagne. L'entrée de l'Armée rouge sur le territoire lors de la bataille de Berlin le 15 avril 1945 sonne le glas du régime nazi. Le suicide de Hitler le 30 avril engendre la mise en place du gouvernement Dönitz qui tente de négocier une capitulation partielle avec Eisenhower et les Alliés occidentaux plutôt qu'une inconditionnelle, mais ça ne passe pas. Les cartes sont redistribuées et l'Allemagne nazie n'est plus.
- D'abord, on va présenter le déclin du Troisième Reich avec la situation militaire, la bataille de Berlin et le suicide de Hitler.
- Ensuite, on abordera les 4 jours sans fin de la capitulation allemande de 1945.
- Enfin, on verra comment Eisenhower et les Alliés refusent les négociations du gouvernement Dönitz jusqu'à la signature officielle du 8 mai 1945 qui marque la victoire des Alliés.
Déclin du Troisième Reich
Malgré de nombreuses victoires, le déclin du Troisième Reich est inévitable suite au débarquement des troupes alliées à l'Ouest et l'avancée de l'Armée rouge à l'Est. Ces deux évènements clés marquent des tournants décisifs dans le déroulement de la Seconde Guerre mondiale et permettent aux deux camps de graduellement resserrer l'étau sur la Wehrmacht.
Pour comprendre comment la Wehrmacht, et donc l'Allemagne, capitule inconditionnellement, il faut passer en revue l'idéologie nazie et son influence dans la situation militaire de la dernière année de la guerre.
L'idéologie nazie : la raison de l'échec militaire allemand ?
Même si elle sert d'abord de tremplin, de nombreux historiens pensent que l'idéologie nazie de Hitler cause inévitablement la perte de la Wehrmacht allemande.
Essentiellement, Hitler souhaite conquérir un maximum de territoires pour agrandir le lebensraum du peuple élu de l'Allemagne. Pour ce faire, il compte progressivement éradiquer les populations à l'Est, ceux qu'il considère comme inférieurs (comme les slaves ou les minorités).
Il est inflexible dans les mouvements des troupes de la Wehrmacht et estime qu'il vaut mieux mourir « héroïquement » en combattant pour le Troisième Reich que de se rendre ou battre en retraite. Ce manque de discernement stratégique entraîne la défaite des troupes allemandes à Stalingrad qui auraient pu l'éviter en se repliant au lieu de persister et se faire décimer par les troupes russes. Hitler souhaite conserver chaque mètre carré de la ville à tout prix, mais la note finit par être salée pour la Wehrmacht.
Situation militaire en 1945
Avec la victoire de l'Armée rouge à la bataille de Stalingrad le 2 février 1943, l'Union soviétique commence à reconquérir lentement les territoires occupés par l'Allemagne nazie à l'Est.
Image 1. Soldat allemand lors de la bataille de Stalingrad, juillet 1942–février 1943
Toutefois, le succès militaire contre la Wehrmacht est loin d'être assuré et l'issue de la guerre n'est pas encore déterminée. C'est la synchronisation de l'opération Neptune à l'Ouest, soit le débarquement de Normandie, et de l'opération Bagration de l'Armée Rouge à l'Est, qui défait la Wehrmacht.
Image 2. Opération Neptune des Alliés occidentaux, 1945
Début mars 1945, les soldats américains passent pour la première fois le Rhin au sud de la Ruhr et entrent ainsi au cœur du Troisième Reich.
Bataille de Berlin : la victoire des Alliés est proche
En avril 1945, l'Armée rouge atteint le territoire de l'Allemagne actuelle en traversant l'Oder. Les anciens territoires allemands de l'Est sont déjà majoritairement occupés à ce moment-là. Par le sud, les premières troupes atteignent Berlin le 16 avril 1945. Peu après, d'autres unités pénètrent dans le nord de la ville depuis l'Oder.
Lors de la bataille de Berlin, l'Armée rouge atteint assez rapidement le centre de la ville, où se trouvent encore à l'époque de hauts dignitaires nazis comme Adolf Hitler ou Joseph Goebbels.
Image 3. Symbole puissant du drapeau soviétique flottant sur le Reichstag, 1945
Suicide : Hitler et Goebbels quittent le navire nazi
Alors que la bataille de Berlin est sur le point d'être perdue, Eva Braun-Hitler et Adolf Hitler se suicident dans le Führerbunker à midi, le 30 avril 1945. La veille, Adolf Hitler épouse sa compagne de longue date Eva Braun, Joseph Goebbels et Martin Bormann étant les témoins du mariage. Juste après, Adolf Hitler dicte son testament personnel et politique à son secrétaire personnel Martin Bormann.
En 1933, Martin Bormann (1900–1945) devient l'un des 18 dirigeants du Troisième Reich en tant que chef d'état-major de l'adjoint du Führer, Rudolf Hess.
Après la capture de ce dernier par les Britanniques, Martin Bormann devient le second homme le plus important de l'État, derrière Adolf Hitler. Il est condamné à mort pour crimes contre l'humanité lors des procès de Nuremberg, mais il s'ôte la vie le 2 mai 1945 avant son exécution.
Image 4. Le Führerbunker
Hitler ordonne à son aide de camp personnel et SS-Hauptsturmführer Otto Günsche1 de le brûler après son suicide, car il craint d'être exposé « dans un Panoptikum à Moscou ».
Panoptikum : désigne généralement des attractions touristiques telles qu'un cabinet de curiosités ou un musée de cire
Le testament politique de Hitler
Dans son testament politique, Hitler commence par nier sa responsabilité dans le début de la Seconde Guerre mondiale. Il affirme qu'aucun Allemand ne souhaitait entrer en guerre et que tout est la faute des juifs.
Il stylise son suicide en « mort héroïque » digne du Troisième Reich et de l'idéologie nazie. Il concède qu'il refuse de tomber aux mains de l'ennemi. Il joue cependant sur le fait qu'il reste à Berlin avec les « siens » et qu'il va mourir le « cœur joyeux » au vu des immenses réalisations des Allemands. Il les exhorte à poursuivre le combat.
Sur la base de la « loi sur le successeur du Führer et du chancelier du Reich », Hitler nomme un nouveau gouvernement du Reich avec Karl Dönitz comme président et Joseph Goebbels comme chancelier. Goebbels choisit plutôt de se tuer avec sa femme et ses enfants le lendemain du suicide du Führer. Le comte Schwerin von Krosigk prend sa place.
Savais-tu que dans son testament, Hitler a pris le temps d'exclure Hermann Göring et Heinrich Himmler du NSDAP, car ils ont négocié dans son dos avec l'ennemi pour « s'emparer du pouvoir » ?
Capitulation inconditionnelle : 4 jours sans fin
Dans un télégramme adressé à Martin Bormann, le commandant en chef de la marine de guerre Karl Dönitz accepte sa nomination au poste de président du Reich. Le soir même, il annonce à la radio que le Führer est « tombé » et qu'il est désigné par testament comme son successeur. Le comte Schwerin von Krosigk, nouveau chancelier du Reich, doit former un nouveau gouvernement.
L'objectif du gouvernement Dönitz est d'obtenir une paix séparée avec les Alliés occidentaux afin de diriger les combats contre l'Armée rouge et de la repousser hors d'Allemagne. Cependant, ils rejettent toutes les demandes d'un tel accord avec l'Allemagne, car ils craignent un conflit armé avec l'Union soviétique en cas de négociation d'une paix séparée.
La seule option pour conclure une paix est la capitulation inconditionnelle du gouvernement Dönitz. Ce dernier n'est pas de cet avis et des combats dispersés se poursuivent. Après l'arrêt des combats à Berlin, le gouvernement Dönitz soumet de nouveau aux Alliés occidentaux une offre de capitulation partielle dans le nord-ouest de l'Allemagne, aux Pays-Bas et au Danemark, qui entre en vigueur le 5 mai. D'autres offres de capitulations partielles sont toutefois rejetées.
Capitulation inconditionnelle : concession faite par la partie perdante d'une guerre de se rendre sans autre prétention. Après une capitulation inconditionnelle, c'est la ou les parties victorieuses qui décident de toutes les questions politiques, organisationnelles et sociales.
Eisenhower mène la danse
Le 6 mai 1945, le chef de l'état-major de la Wehrmacht obtient du général de l'armée américaine de l'époque, Dwight D. Eisenhower, la concession d'obtenir, en cas de capitulation totale, 48 heures supplémentaires avant la mise en œuvre de celle-ci.
Ainsi, le gouvernement Dönitz permet l'évacuation extraordinaire ou la désertion d'un grand nombre de soldats de la Wehrmacht avant l'arrivée de l'Armée rouge dans les zones occupées par les Alliés occidentaux. Si l'action de Dönitz peut sembler louable, il fait exécuter un nombre particulièrement élevé de condamnations à mort pour désertion durant ces derniers jours et même après la capitulation.
Le 7 mai 1945 à 2 h 41, le colonel général Alfred Jodl signe l'acte de capitulation inconditionnelle de la Wehrmacht au quartier général des Alliés occidentaux, sur ordre de Dönitz.
8 mai 1945
L'ordre de capitulation inconditionnelle de toutes les troupes allemandes est donné le 8 mai 1945 à 23 h 10, comme le prévoit l'accord. Cependant, comme aucun commandant soviétique ne participe à la signature, un nouvel acte de capitulation est signé le 9 mai 1945 à 0 h 16, à la demande de Joseph Staline. À celui-ci, on retrouve notamment le maréchal allemand Wilhelm Keitel ou le général français Jean de Lattre de Tassigny.2
En Allemagne, on appelle cet évènement le Stunde Null qui se traduit littéralement par « heure zéro ». Cette expression et notion sert à désigner l'heure minuit du 8 mai 1945 et la fin officielle de la guerre en Europe. C'est une rupture entre la période antérieure et le début d'une nouvelle ère.
Il y a un décalage horaire de 2 h entre Berlin et Moscou. Ainsi, les Occidentaux célèbrent la signature du 8 mai à 23 h 10, tandis que les pays de l'ex-URSS célèbrent ce Jour de la Victoire le 9 mai, équivalent d'une signature à 1 h du matin, heure locale.
Image 5. Wilhelm Keitel signe la deuxième déclaration de capitulation, 9 mai 1945
Cette victoire est proclamée à 15 h à la radio dans les capitales alliées avec De Gaulle en France, Churchill en Grande-Bretagne et Truman aux États-Unis.
Le gouvernement Dönitz est destitué le 23 mai 1945, mais le pouvoir suprême du gouvernement allemand n'est repris par les puissances victorieuses que par la Déclaration de Berlin du 5 juin 1945. La période entre les deux évènements est qualifiée de vide constitutionnel, puisque personne ne détient formellement le pouvoir gouvernemental en Allemagne.
La capitulation de la Wehrmacht allemande ne sonne pas la fin de la Seconde Guerre mondiale en tant que telle. L'un des alliés de l'Allemagne, le Japon, continue de se battre contre les États-Unis. Le conflit mondial ne se termine qu'après les deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki et la capitulation du Japon le 15 août qui accepte les termes des accords de Potsdam. La fin officielle se fait le 2 septembre 1945 avec la signature des actes de capitulation du Japon à Tokyo.
Capitulation de l'Allemagne - Points clés
Après des évènements militaires clés comme la bataille de Stalingrad ou le débarquement en Normandie, l'étau des Alliés à l'Ouest et de l'Armée rouge à l'Est se resserre sur la Wehrmacht.
Après le suicide d'Adolf Hitler le 30 avril 1945 et celui de Joseph Goebbels le 1ᵉʳ mai 1945, Karl Dönitz, en tant que président du Reich nommé par Hitler, est responsable de la gestion des affaires gouvernementales.
Le gouvernement Dönitz tente tout d'abord d'obtenir une paix séparée avec les Alliés occidentaux afin de pouvoir repousser militairement l'Armée rouge hors d'Allemagne. Ces derniers insistent sur une capitulation inconditionnelle.
Après les 48 h autorisées par Eisenhower pour que les unités de la Wehrmacht d'échapper à l'Armée rouge, un acte de capitulation est signé le 7 mai 1945. Il stipule que la Wehrmacht se rendra sans condition le 8 mai 1945 à 23 h 10.
Comme aucun représentant soviétique n'est présent, Joseph Staline insiste pour que des représentants de la Wehrmacht signent une deuxième déclaration de reddition à l'Union soviétique. Le document correspondant est signé le 9 mai 1945 à 0 h 16.
Références
- ASSOCIATED PRESS, « Otto Günsche, 86; Helped to Burn Hitler's Body », Site Internet The New York Times (14/10/2003, consulté le 30/03/2023)
- « Document : le général de Lattre de Tassigny signe la capitulation allemande à Berlin, 8 mai 1945 », Site Internet Charles De Gaulle (consulté le 30/03/2023)
- Image 1. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_116-168-618,_Russland,_Kampf_um_Stalingrad,_Soldat_mit_MPi.jpg Par Inconnu, Autorisé par CC BY-SA 3.0 DE (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/de/deed.fr)
- Image 3. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Raising_a_flag_over_the_Reichstag_2.jpg?uselang=fr Par Evgueni Khaldei (https://fr.wikipedia.org/wiki/Evgueni_Khalde%C3%AF) Autorisé par Public Domain ou CC BY 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr)
- Image 4. https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Bundesarchiv_Bild_183-V04744,_Berlin,_Garten_der_zerst%C3%B6rte_Reichskanzlei.jpg Par Inconnu, Autorisé par CC BY-SA 3.0 DE (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/de/deed.fr)
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