Crise de Mandchourie

Résumé de la crise de Mandchourie 1931

La crise de Mandchourie est une opération artificiellement provoquée par l'armée japonaise Kwantung en Mandchourie en 1931. À l'époque, la confiance de l'armée japonaise n'avait jamais été aussi grande, à tel point que le gouvernement de Tokyo osait rarement défier les responsables de l'armée, pensant que l'armée avait les moyens de renverser même le gouvernement japonais.

Néanmoins, lorsque la Grande Dépression a frappé l'économie mondiale, même le Japon a été touché. Avec plus d'un tiers de sa main-d'œuvre au chômage et aucune ressource naturelle sérieuse à rassembler, le Japon avait besoin de nouveaux territoires pour se remettre du lourd fardeau de la Grande Dépression.

Fig. 1 : Pu Yi, le dernier empereur de Chine

L'armée japonaise Kwantung a organisé l'incident de Mukden. Les Japonais eux-mêmes ont saboté le chemin de fer japonais de Mandchourie du Sud en le truffant de dynamite et en le faisant exploser, mais pas complètement. Les Chinois sont accusés de ce sabotage et l'invasion japonaise de la Mandchourie commence.

La Société des Nations a demandé au Japon d'arrêter son invasion, mais ces demandes ont été continuellement ignorées. Personne ne voulant s'immiscer dans le conflit, le Japon occupe la Mandchourie et, le 16 février 1932, crée un État fantoche, l'État de Mandchoukouo, et installe Pu Yi à sa tête.

Les causes de la crise de Mandchourie

La nécessité de la Mandchourie

Après la Grande Dépression, les nations du monde entier ont souffert de la soudaine implosion économique mondiale. Pour faire tourner son économie, le Japon avait besoin de nouveaux moyens pour augmenter ses exportations et limiter ses importations.

Le principal produit d'exportation du Japon était sa principale ressource naturelle, la soie. À part la soie, le Japon avait peu de ressources naturelles. Lorsque la Grande Dépression a atteint le Japon, même la soie ne valait plus son prix d'origine. En effet, les habitants des États-Unis et de plusieurs pays d'Europe occidentale n'avaient plus les moyens d'acheter de la soie japonaise, un textile coûteux. La Grande Dépression a entraîné un chômage endémique et, en 1930, le Japon a perdu un tiers de sa main-d'œuvre.

Fig. 2 : L'empire japonais en 1931, comprenant le Japon, la péninsule coréenne et Taïwan.

Depuis 1915, le Japon avait loué à la Chine de vastes territoires en Mandchourie, qui étaient utilisés pour aider l'économie japonaise en extrayant des ressources naturelles et en les transportant vers le Japon via la Corée grâce au chemin de fer de Mandchourie du Sud.

Outre les malheurs de la Grande Dépression, le Japon doit garder à l'esprit la menace soviétique venant du nord. En effet, depuis la défaite de la Russie en 1905, le Japon s'attendait à un mouvement revanchiste de la part de son rival du nord.

Dans cette optique, le Japon avait besoin de la Mandchourie pour deux raisons principales :

1. Avoir accès aux ressources naturelles de la Mandchourie ;
2. établir une zone tampon entre lui et l'Union soviétique.

Pendant la Première Guerre mondiale, le Japon a conclu une alliance avec l'Entente et, à la fin de la guerre, il a été le membre fondateur de la Société des Nations. Cette forme d'alliance a permis au Japon d'étendre sa sphère d'influence en Chine.

Fig. 3 : Le Japon en rouge et les gains territoriaux réalisés par le Japon en Chine en 1939 à la suite de la crise de Mandchourie.

L'incident de Mukden

Le Japon avait besoin d'une justification pour entrer en Mandchourie et l'occuper. Finalement, ils ont opté pour une opération sous faux drapeau qui se déroulerait à Mukden, au nord-ouest de la Corée occupée par le Japon.

Le 18 septembre 1931, des soldats de l'armée japonaise Kwantung, sous les ordres du lieutenant Suemori Kawamoto, ont saboté un tronçon du chemin de fer de Mandchourie du Sud. Bien que les rails n'aient pas subi de dommages majeurs (les trains pouvaient toujours passer sur le tronçon endommagé), le Japon a rapidement accusé les Chinois.

Fig. 4. Experts japonais examinant les dommages causés par le sabotage du chemin de fer de la Mandchourie du Sud qui a provoqué l'invasion de la Mandchourie.

L'incident de Mukden s'est finalement transformé en une invasion à grande échelle de la Mandchourie et en l'établissement du nouvel État fantoche japonais du Mandchoukouo, avec Pu Yi à sa tête.

Fig. 5 : Drapeau de l'État du Mandchoukouo

Crise de Mandchourie Société des Nations

La crise de Mandchourie a prouvé que la Société des Nations n'avait pas le pouvoir d'arrêter ni la capacité d'arrêter un crime commis par un État envers un autre. Le Japon a finalement quitté la Société des Nations en mars 1933.

Fig. 6 : Carte de la Société des Nations décrivant qui l'a rejointe et qui l'a quittée à quel moment

Il y a des raisons pour lesquelles la Société des Nations n'est pas intervenue plus énergiquement contre l'agression japonaise. Tout d'abord, c'était l'époque de la Grande Dépression. Aucun État n'avait l'argent, les moyens ou le désir de se présenter comme protecteur en Asie. La superpuissance la plus proche qui pouvait au moins théoriquement arrêter le Japon était l'Union soviétique. Cependant, l'Union soviétique a rejoint la Ligue en 1934, alors que le Japon avait déjà quitté l'organisation.

Conséquences de la crise de Mandchourie

L'incapacité de la SDN à soumettre les Japonais a donné l'occasion à une puissance européenne émergente de faire la guerre en Afrique. C'est le cas de l'Italie qui cherche à annexer l'Abyssinie (Éthiopie). Le leader charismatique de l'Italie, Benito Mussolini, avait prêté une grande attention à l'incapacité de la Ligue à punir le Japon. Le manque d'autorité de la Ligue se présente comme une opportunité pour Mussolini. En 1935, la crise abyssine a de nouveau prouvé l'inefficacité de la Société des Nations.