Sauter à un chapitre clé
Cette exploitation pour maximiser les profits privés des propriétaires d'entreprises entraîne une aliénation totale des prolétaires. Ces derniers, malgré un travail sans relâche, ne peuvent s'offrir aucun bien ou service et logent dans des taudis. Le philosophe Karl Marx développe alors le marxisme. Ce mouvement de pensée tend à renverser le capitalisme via une dictature (temporaire) du prolétariat pour une redistribution équitable des richesses et mettre un terme à la propriété privée. Il pose ainsi les bases du communisme. Plus tard, une lutte des classes se concrétise et des syndicats vont se former pour instituer les premiers vrais droits des travailleurs et endiguer leur exploitation.
- D'abord, on commence avec le contexte de la révolution industrielle qui alimente le capitalisme.
- On abordera ensuite les classes populaires, les conditions de vie des ouvriers et l'aliénation du travail.
- Ensuite, on présentera ce qu'est le marxisme et son idée de dictature du prolétariat.
- Après, on abordera la lutte des classes avec notamment les premiers syndicats.
- Enfin, on verra l'état du prolétariat moderne en France en 2023.
Révolution industrielle : moteur du capitalisme ?
Nous sommes en pleine révolution industrielle du XVIIIᵉ siècle. La Grande-Bretagne prend l'ascendant sur le monde entier avec l'invention de la machine à vapeur (James Watt en 1769) tournant au charbon et une économie tournant à plein régime. C'est la transition d'une société agricole à une société dominée par la mécanisation de la production de biens manufacturés (non alimentaires). On la divise généralement en plusieurs phases :
Multiplication des inventions dans le textile, métallurgie et énergie ;
Passage accéléré de l'invention à l'innovation technique ;
Émergence des « industriels » grâce à l'innovation industrielle ;
Demande internationale en biens manufacturés élevés, qui propulse l'Empire britannique vers de nouveaux sommets.
En France, la révolution industrielle se fait vers la seconde moitié du XIXᵉ siècle. Mais qui travaille dans l'ombre de cette révolution et qui en profite ? Regardons tout ça !
Les classes populaires
Bien souvent, la classe populaire représente plus de la moitié de la population. Même si les sociétés et les cultures évoluent, le niveau de richesse dicte toujours l'organisation générale :
Au sommet, la classe dirigeante fusionne la bourgeoisie industrielle et la noblesse ;
Au centre, un spectre assez large de classe moyenne (employés de magasins, banques, enseignants, médecins, journalistes, avocats, etc.) ;
Les classes populaires du prolétariat composées d'ouvriers et de paysans.
Prolétariat : personnes de la classe ouvrière souffrant du capitalisme. Par contraste, la bourgeoisie désigne la classe moyenne et supérieure qui a du temps pour les loisirs et l'achat de biens matériels.
C'est l'heure de travailler ton anglais ! Relie chaque déclaration à son groupe de personnages.
Surligne la phrase en dessous du tableau pour les réponses !
Déclarations | Groupes de personnages |
1) On travaille pour tout le monde et On vous nourrit tous | a) Bourgeoisie/Classe aisée |
2) On vous dirige | b) Prolétariat/Classe populaire |
3) On vous trompe | c) Forces militaires |
4) On mange à votre place | d) Dirigeants |
5) On vous tire dessus | e) Pouvoirs religieux |
Réponses : 1b/2d/3e/4a/5c
Logements ouvriers et conditions sanitaires
Une véritable révolution démographique s'opère avec l'exode rural et l'augmentation considérable du nombre d'habitants dans les villes autour des usines. La construction de logements ne peut cependant suivre ce rythme effréné.
Londres voit son nombre d'habitants doubler à 27 millions d'habitants entre 1801–1851.
D'énormes lotissements avec des maisons « back to back » (collées les unes aux autres en rangées uniformes) sont construits autour des usines. Les conditions d'hygiène sont insalubres en raison du nombre alarmant d'individus par habitation atteignant les 40 personnes/maison, soit 8 personnes/chambre.
Cette surpopulation engendre des problèmes de santé publics comme l'approvisionnement en eau propre, le nettoyage des rues, la gestion des déchets. De nombreuses personnes décèdent des suites de cette insalubrité, notamment à cause de l'eau contaminée.
Entre 1853–1854, une épidémie de choléra emporte plus de 23 000 personnes, dont 10 000 rien qu'à Londres.11
Aliénation du travail
Rien à voir avec les petits hommes verts, mais voici un état qui te dit peut-être quelque chose :
Aliénation (philo/socio) : privation de libertés, de droits humains essentiels, éprouvée par une personne ou un groupe social sous la pression de facteurs permanents (Hegel) ou historiques (Marx) qui l'asservissent à la nature ou à une classe dominante1
L'urbanisation des espaces, la standardisation et la répétition des tâches contribuent à multiplier les emplois d'ouvrier non qualifié et peu rémunéré. Les conditions de travail sont éreintantes et les journées peuvent atteindre les 10–16 heures pour des salaires minimums. On observe ainsi au XVIIIᵉ siècle une paupérisation des classes populaires.
Voici une liste non exhaustive des éléments participant à l'exacerbation de l'aliénation du prolétaire :
Les familles vivent au rythme des machines.
Vêtements déchirés par le travail, sans possibilité de les remplacer. Les ouvriers portent des loques, ce qui accentue un phénomène de démoralisation.
Système du « pointage » pour comptabiliser les heures effectuées.
Accidents de travail fréquents.
Salaires parfois remplacés par tickets de rationnement ou de biens manufacturés. L'ouvrier ne vit que pour manger et travailler.
L'employeur décide des temps de travail, accentuant un phénomène d'incertitude de l'emploi déjà précaire. Le clivage entre classe populaire et moyenne s'intensifie.
Travail forcé des enfants.
Alors que tu te plaignais à 6 ans de devoir aller à l'école, d'autres enfants du même âge partaient nettoyer l'intérieur d'énormes machines dangereuses. Leur petite taille leur permettait d'atteindre des recoins hors d'atteinte des adultes. Beaucoup décèdent de l'inhalation de contaminants indésirables ou souffrent plus tard de maladies graves.
Il faut attendre le Factory Act de 1833 pour interdire le travail aux enfants de moins de 9 ans au Royaume-Uni et la loi du 22 mars 1841 en France qui fixe l'âge minimum à 8 ans.
Marxisme et dictature du prolétariat
Selon Karl Marx (1818–1883), la révolution industrielle est responsable du capitalisme et des maux de la société. En raison de l'augmentation de la dépendance à l'égard des machines, des marchandises produites en masse et des usines, le prolétariat est de plus en plus opprimé.
Marx pense que la transition vers le communisme commence seulement lorsque la classe ouvrière prend conscience de cette situation et prend le contrôle des moyens de production.
Un système communiste avec une dictature (temporaire) du prolétariat permettrait d'éliminer l'écart entre les revenus, mettre fin à l'exploitation des travailleurs par la classe des propriétaires et libèrerait les pauvres de l'oppression. Sans l'avidité du profit comme moteur de motivation, tout cela est en théorie possible.
Lutte des classes
Dans le Manifeste du parti communiste, Marx et Engels théorisent le concept de lutte des classes. Pourtant, ce n'est pas spécifique au XIXᵉ siècle en Grande-Bretagne : au contraire !
L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de luttes de classes.
– Karl Marx et Friedrich Engels - Manifeste du parti communiste, 1848
Repense à la totalité de ce que tu as appris dans ta vie sur les anciennes civilisations et sociétés : la lutte des classes n'a-t-elle pas toujours été un fil rouge dans chacune ? Peu importe l'époque, chaque société est hiérarchisée et divisée en classes sociales. Chacune cherche à améliorer sa situation et ses conditions de vie.
Que ce soit une invasion de barbares à Rome qui renversent l'Empire romain (476), la Révolution française (1789) ou la Révolution russe (1917) contre la monarchie ou même le Printemps arabe (2010), ceux en bas de la pyramide ne cessent jamais de lutter.
Premiers syndicats et organisation syndicale
Traversons la Manche et dirigeons notre attention vers la France pour aborder l'un des sujets au cœur de l'identité française : le syndicalisme et le droit de grève. La France est un modèle international pour les droits de l'homme, dont ceux sacrés du travail.
Syndicalisme : mouvement qui a pour objet d'organiser, de grouper certaines catégories professionnelles (ouvriers notamment), certaines classes sociales, en vue d'étudier et de défendre leurs intérêts (salaires, conditions de travail, etc.)2
Date | Effet |
1791 : loi Le Chapelier | Interdiction de groupements sous peine de violente répression. |
1848 : révolution de février |
|
1864 : loi Ollivier | Abolition du délit de coalition ; le droit de grève est reconnu. |
1868 | Premières chambres syndicales avec adhérents du même corps de métier. |
1884 : loi Waldeck-Rousseau | Légalisation des syndicats, sauf dans la fonction publique. |
1895 | Création de la Confédération générale du travail (CGT). |
Première Guerre mondiale | Révolution russe et bolchévisme motivent les syndicats révolutionnaires et l'action directe. |
1925 | Création de La Révolution prolétarienne, une revue syndicaliste révolutionnaire. |
1936–1938 | Réformes historiques du Front populaire :
|
Régime de Vichy | Dissolution des syndicats existants : mouvance clandestine d'anciennes confédérations. |
27 juillet 1944 | Rétablissement des libertés syndicales et d'anciennes confédérations. |
1970 à aujourd'hui | Perte en puissance des grandes organisations syndicales en raison de la sous-traitance, de l'intérim, de contrats précaires, de temps partiel, ce qui réduit le risque d'une éventuelle grève.3 |
D'où vient la fête du travail ?
Le 1ᵉʳ mai, nous célébrons la fête du travail ou fête des travailleurs, mais pourquoi donc ?9
Les origines remontent outre-Atlantique avec la marche de 200 000 travailleurs américains le 1ᵉʳ mai 1886 (premier jour de l'année comptable des entreprises) pour une journée de 8 h. L'Europe suit le mouvement quelques années plus tard pour en faire un jour de manifestation ouvrière. La réduction du temps de travail à 8 h par jour se fait peu avant le 1ᵉʳ mai 1919.
En 1942, sous le régime de Vichy, le maréchal Philippe Pétain instaure le 1ᵉʳ mai comme « la fête du Travail et de la Concorde sociale ». Sous couvert de patriotisme, sa propagande pour une journée chômée sans diminution de salaire sert également à célébrer ce jour fortuit pour lui : celui de la saint-Philippe.
Depuis 1948, c'est officiellement et légalement un jour férié et chômé pour les personnes salariées.
Le prolétariat dans le monde moderne
Malgré certaines avancées comme les congés payés, les 35 h, les RTT, les indemnités chômage, etc., le combat et les idées de Marx sont toujours d'actualité même dans les pays les plus développés.
Dans le monde mondialisé et numérique d'aujourd'hui, on compte parmi les classes de travailleurs précaires :
les personnes à temps partiel ;
les personnes immigrées ;
les personnes auto-entrepreneures.
Dans ces catégories, les femmes et les jeunes sont surreprésentés.10
En effet, depuis les années 1970, il est plus difficile de faire valoir les droits collectifs du travail en raison d'un éclatement des structures et des organisations sur les lieux de travail. Sacrifié sur l'autel de la flexibilité des horaires de travail, l'auto-entrepreneur fait figure de prolétaire 2.0.
Avec la promotion de la création d’entreprise, de plus en plus de travailleurs sont sortis des régulations collectives. Les formes « d'échange de travail », qui se développent sur les plateformes numériques sont devenues un véritable terreau de contournement du droit du travail.
– Sarah Abdelnour (sociologue)4
Aujourd'hui, selon l'URSSAF5,12, la France compte près de 4 millions d'indépendants fonctionnant en dehors des structures « classiques » qui protègent et garantissent le respect des droits des travailleurs selon des normes établies et fixes.
Il suffit de voir la vaste mobilisation derrière le mouvement des Gilets jaunes en 2018–2019 pour comprendre que le prolétariat n'incarne désormais plus seulement la classe ouvrière.6 Tout un pan de la population se sent aliéné par le système et démuni pour vivre décemment malgré un emploi. Une chose est sûre : la lutte des classes semble immuable.
Ici et maintenant, partout et toujours, c’est prolétariat contre bourgeoisie, deux classes sociales aux projets résolument antagoniques…
– Gilets jaunes - C’est une révolte ?..., Marseille infos autonomes6
Prolétariat - Points clés
- L'essor de la révolution industrielle (1760–1840), aussi bénéfique soit-il pour l'économie des différents empires, accentue le clivage entre les classes moyennes et les classes populaires.
- Les ouvriers et leurs familles vivent entassés dans des lotissements insalubres et effectuent des journées allant jusqu'à 15 h de travail.
- L'aliénation d'une vie dédiée au travail, dénuée de loisirs et sans possibilité d'en sortir fait des ravages parmi les classes populaires.
- Karl Marx et Friedrich Engels développent une théorie dans le Manifeste du parti communiste, selon laquelle une dictature du prolétariat interromprait cet abus : c'est la genèse du communisme.
- La lutte des classes entre le prolétariat et la bourgeoisie se cimente dès 1848 avec les premiers syndicats et l'organisation syndicale.
- Malgré beaucoup d'acquis, la lutte du prolétariat pour ses droits se poursuit aujourd'hui et ne semble pas près de s'arrêter.
Références
- Définition - Aliénation, Site internet CNRTL (consulté le 12/04/23)
- Définition - Syndicalisme, Site internet CNRTL (consulté le 12/04/23)
- PSENNY Daniel, « La longue histoire du syndicalisme français », Site Internet Le Monde (publié le 21/03/2016, consulté le 13/04/2023)
- QUENTEL Amélie « Sarah Abdelnour : "Marx est toujours d’actualité pour comprendre les prolétaires 2.0" », Site internet Libération (publié le 16/07/2018, consulté le 13/04/2023)
- « Le nombre de travailleurs indépendants en France a franchi la barre des 4 millions en 2021 », Site Internet auto-entrepreneur (publié le 23/12/2022, consulté le 13/04/2023)
- « “Gilets jaunes” - “C’est une révolte ?”... », Site internet Marseille infos autonomes (publié le 08/03/2019, consulté le 13/04/2019)
- Image 3. Travail forcé d'une jeune fille dans une usine de coton (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Interior_of_cotton_factory_showing_use_of_child_labour_Wellcome_M0010961.jpg) Par Wellcome Library, London Autorisé par CC BY 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/deed.fr)
- Image 4. Protestation gilet jaune (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Yellow_vests_protest3.jpg) par Norbu Gyachung (https://commons.wikimedia.org/w/index.php?title=User:Norbuw&action=edit&redlink=1) Autorisé par CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.fr)
- « L'Histoire du 1er mai en 5 infos clés », Site Internet Ministère du travail (publié le 27/04/17, consulté le 17/04/2023)
- MEYER Charlotte, « QUI SONT LES TRAVAILLEURS PAUVRES D’EUROPE ? », Site Internet Combat le média (publié le 13/12/2021, consulté le 17/04/2023)
- Tien JH, Poinar HN, Fisman DN, Earn DJ. Herald waves of cholera in nineteenth century London, Site Internet NCBI (publié le 01/12/2010, consulté le 17/04/2023)
- « Uber et requalification de la prestation d’un chauffeur en contrat de travail », Site Internet Cour de cassation (publié le 04/03/2020, consulté le 17/04/2023)
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Questions fréquemment posées en Prolétariat
Qui compose le prolétariat ?
Le prolétariat est majoritairement composé des classes populaires, soit les ouvriers et les paysans qui ont des salaires peu élevés, travaillent beaucoup et permettent le bon fonctionnement des sociétés.
Quelle est la différence entre les prolétaires et les capitalistes ?
La différence entre les prolétaires et les capitalistes est que ces premiers vendent leur force de travail à des entreprises et ces derniers sont les propriétaires du capital des entreprises.
Pourquoi Karl Marx est contre le capitalisme ?
Karl Marx est contre le capitalisme, car il pense qu'il est responsable des maux de la société. À cause de l'augmentation de la dépendance aux machines, aux marchandises et aux usines, les ouvriers souffrent de plus en plus.
Quel est l'opposé du capitalisme ?
L'opposé du capitalisme est techniquement le communisme qui prône la mise en commun des richesses et la redistribution équitable plutôt que la propriété privée des moyens de production, la liberté du marché et la recherche du profit.
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