Les guerres de religion françaises ont été une série de guerres civiles entre les huguenots protestants et les rois catholiques entre 1562 et 1598. Comment les différences religieuses ont-elles conduit à une telle effusion de sang ? Y a-t-il eu un gagnant ou un perdant ? Cet article explorera ces questions et offrira une meilleure compréhension des circonstances de ces terribles guerres.
Les rois français pensaient qu'ils étaient les représentants de Dieu sur Terre, ce qui les rendait divins. Ce rôle signifiait qu'ils devaient protéger leur peuple contre l'hérésie. Le roi contrôlait également toutes les nominations de l'Église française, faisant passer la loyauté des prêtres au roi plutôt qu'à l'Église et à la religion. Il n'y avait donc pas de séparation entre l'Église et l'État. Ces nominations royales étaient plus politiques que spirituelles, ce qui a suscité le ressentiment des Français. Les nouvelles idées protestantes de Martin Luther et de Jean Calvin ont utilisé ce ressentiment pour faire avancer leur programme religieux.
Les guerres ont été provoquées à la fois par des raisons politiques et religieuses. La noblesse protestante a mené le mouvement de résistance contre une monarchie instable produite par une série de trois rois très jeunes et faibles en raison de la mort prématurée du roi Henri II en 1559. Les rois n'ont pas pu maintenir une politique religieuse stable malgré la menace protestante. Les nobles ont profité de la faiblesse de la monarchie pour faire avancer leurs propres projets politiques et religieux.
La justice sociale et la ferveur religieuse incitent les gens du peuple à se révolter. La noblesse a abusé de la classe paysanne en exigeant d'elle plus d'impôts et plus de travail, comme la réparation des routes, en plus de ses tâches habituelles. L'Église catholique a également ordonné aux paysans de lui verser dix pour cent de leurs revenus sous forme de dîme. Le calvinisme militant leur a offert un exutoire pour évacuer leur frustration en brisant les symboles de la foi catholique, tels que les vitraux et les statues de saints. Les catholiques ont répondu par des effusions de sang.
Dîme :
La dîme est un don désigné à l'Église, à l'État ou à toute institution, exigeant l'offrande d'un dixième de la richesse d'une personne.
Fig. 2 Le siège de La Rochelle (1573)
Effets des guerres de religion françaises
Les guerres ont entraîné des pertes humaines dévastatrices du côté catholique et du côté protestant. En outre, elles ont ruiné l'économie française et causé des divisions encore plus importantes entre les classes supérieures et inférieures. Cette division des richesses a provoqué encore plus de tensions sociales. Certains historiens affirment que ces divisions sociales ont conduit à la Révolution française de 1789.
Les tentatives d'unité religieuse ont fait place à un compromis avec l'Édit de Nantes, qui rendait la France officiellement catholique mais offrait une tolérance aux protestants. Cependant, ce n'était le cas que dans certaines régions. Des villes comme Paris interdisent totalement le culte protestant. Cependant, l'édit n'a pas supprimé les préjugés de la majorité catholique à l'égard des huguenots. Les persécutions contre la religion minoritaire se sont poursuivies et, en 1685, le roi Louis XIV a révoqué l'Édit, exigeant l'unité catholique en France.
Sur le plan politique, les guerres ont conduit un groupe de modérés appelés politiques à réaliser que le seul moyen de parvenir à la paix était de renforcer la monarchie. Le roi Henri IV a réussi à stabiliser le trésor royal et à rembourser les dettes de guerre de la Couronne, permettant ainsi à la France de retrouver son statut d'État puissant. Ses réformes ont provoqué la montée de l'absolutisme en France, renforçant le pouvoir de la Couronne pour le règne du Roi-Soleil, Louis XIV.
Fig. 3. Un matin à la porte du Louvre par Édouard Debat-Ponsan, 1880
Résumé des guerres de religion en France
Le protestantisme, en particulier la secte dirigée par Jean Calvin, a explosé en popularité au début du XVIe siècle. L'une des raisons possibles est la proximité du sud de la France avec le fief de Calvin à Genève, ce qui permet aux missionnaires d'accéder facilement à des convertis potentiels. En 1559, environ un dixième des Français étaient calvinistes. Les calvinistes, appelés huguenots en France, sont fondamentalement en désaccord avec le catholicisme, notamment en ce qui concerne l'utilisation des images sacrées et la communion. Ils ont commencé à affirmer publiquement leurs différences religieuses en 1534.
Les véritables origines du nom huguenots ne sont toujours pas claires. Une théorie veut qu'ils aient été nommés d'après Besançon Hughes, un réformateur français basé à Genève avec Jean Calvin.
Jean Calvin (1509-1564)
Jean Calvin était un leader français de la pensée réformatrice protestante. Ses enseignements différaient de ceux de l'Église catholique principalement sur la façon d'atteindre le salut. Les catholiques croyaient qu'il fallait accomplir de bonnes œuvres pour aller au paradis.
Fig. 4 Jean Calvin
Calvin croyait plutôt en la prédestination, qui affirme que Dieu a déjà choisi, ou préordonné, qui entrera au paradis et qu'aucune bonne œuvre ne peut y changer quoi que ce soit. Les opinions de Calvin menaçaient directement l'Église catholique et il s'est réfugié à Genève, plus réceptive, au début des guerres de religion françaises.
Chronologie des guerres de religion en France
1534 : L'affaire des placards. Les calvinistes français organisent et publient une tempête de pamphlets anticatholiques affichés dans tout Paris, y compris dans la chambre à coucher du roi. Cet acte a rendu le roi François Ier furieux et il a déclaré que le calvinisme était une hérésie. En outre, l'Affaire a amené le roi à considérer le protestantisme comme une menace pour le corps politique et son autorité.
1551 : L'édit de Châteaubriand rend les rassemblements protestants illégaux, offre des incitations aux informateurs de lieux protestants et punit ceux qui abritent des huguenots.
1559 : Le roi Henri II meurt accidentellement lors de son tournoi, laissant son fils François II, âgé de 15 ans, comme roi.
1560 : Le huguenot Louis, prince de Condé, tente d'enlever François II pour le soustraire à l'influence de ses oncles influents, les Guise. François meurt la même année. Son frère Charles XI, âgé de onze ans, est nommé roi, sa mère, Catherine de Médicis, assurant la régence jusqu'à sa majorité.
Catherine de Médicis, reine de France 1547-1589
La reine Catherine était l'épouse du roi Henri II. Après la mort prématurée de ce dernier, elle conserve une forte influence politique sur ses fils, les trois rois de France suivants. Catherine consacre toute son énergie à la recherche d'une trêve entre les huguenots et les catholiques et à l'instauration de la paix. Cependant, ses tentatives se sont révélées infructueuses et n'ont satisfait personne. Son souvenir est entaché d'un surnom peu aimable, "Madame le Serpent", donné en raison de sa ruse politique, ce qui n'était pas considéré comme approprié pour une femme à cette époque.
Fig. 5 Catherine de Médicis
La guerre
Pourquoi ?
Qui a gagné ?
Comment s'est-elle terminée ?
D'abord 1562-1563
François, duc de Guise, catholique, a massacré 3 000 huguenots qui pratiquaient leur culte sur ses terres.
Catholiques
L'édit d'Amboise de la reine Catherine offre une liberté religieuse limitée aux huguenots.
Deuxième 1567-1568
Les huguenots massacrent le clergé catholique à Nîmes.
Catholiques
Paix de Lonjeameau, qui ne satisfait aucune des deux parties.
Troisième 1568-1570
Les catholiques révoquent les libertés religieuses des huguenots.
Impasse
Paix de Saint-Germain-en-Laye, où les huguenots retrouvent certaines libertés perdues.
1572 : La reine Catherine cherche à maintenir la paix en France et négocie une alliance matrimoniale entre sa fille Marguerite et le huguenot Henri IV, roi de Navarre. L'invitation au mariage stipule que les huguenots doivent y assister sans armes. Cependant, les catholiques ne l'ont pas fait. Le 24 août 1572, le massacre de la Saint-Barthélemy a eu lieu à Paris. Les catholiques ont massacré plus de 2 000 huguenots ce jour-là et les cinq jours suivants.
La guerre
Pourquoi ?
Qui a gagné ?
Comment s'est-elle terminée ?
Quatrième 1572-1573
Le massacre de la Saint-Barthélemy au cours duquel les catholiques massacrent deux mille hugonotes.
Catholiques
L'édit de Boulogne limite encore plus les droits des huguenots.
Cinquième 1574-1576
Le roi Charles XI meurt et son frère Henri III devient roi. Le frère d'Henri, le duc d'Anjou, rejoint le camp huguenot.
Les huguenots
L'édit de Beaulieu accorde aux huguenots le droit au culte public.
Sixième 1576-1577
Le catholique Henri Ier, duc de Guise, forme la Ligue catholique pour protester contre l'édit de Beaulieu, à la fois anti-huguenots et anti-monarchie.
Impasse
Henri III publie l'édit de Poitiers, qui reprend de nombreuses libertés accordées en 1576.
Septième 1579-1580
Le huguenot Henri IV, roi de Navarre, attaque les places fortes catholiques sous un prétexte peu convaincant.
L'impasse
La paix de Fleix réaffirme ce que disait l'édit de Poitiers.
La guerre des trois Henri, 1585-1589
La mort du frère d'Henri III en 1584 et la montée en puissance de la Ligue catholique conduisent à ce que l'historien Mack Holt appelle "la plus longue et la plus sanglante de toutes les guerres civiles".1 Les principaux acteurs de cette guerre sont le roi Henri III, Henri de Navarre IV et Henri Ier, duc de Guise, fondateur de la Ligue catholique.
1584 : À la mort de son frère, il n'y a plus d'héritier mâle pour devenir roi après Henri III, qui n'a pas d'enfant. Le prochain à prétendre à la couronne est un cousin, le protestant Henri IV de Navarre. La Ligue catholique se mobilise pour empêcher sa succession.
1585 : La Ligue catholique fait pression sur Henri III pour qu'il retire Henri de Navarre de la ligne de succession et fasse du cardinal de Bourbon son héritier dans le traité de Nemours. Le traité supprime également toute protection huguenote. En réponse, la guerre civile éclate à nouveau.
La guerre
Pourquoi ?
Qui a gagné ?
Comment s'est-elle terminée ?
Huitième guerre 1585-1589
Après le traité de Nemours, la Ligue catholique a cherché à supprimer les protestants en France par la force. Henri de Navarre a riposté.
La Ligue catholique
L'assassinat d'Henri III par un moine en août 1589.
Le 12 mai 1588, la journée des barricades: Les seize chefs de la Ligue catholique s'emparent de Paris et du gouvernement d'Henri III. Le roi et sa mère, la reine Catherine, s'enfuient de la ville.
23 décembre 1588 : Le roi invite Henri, duc de Guise, à une réunion où il tombe dans une embuscade tendue par les gardes du roi et est tué. Au lieu de prendre le contrôle de la Ligue catholique avec la mort de son chef, le meurtre provoque la réaction inverse. La Ligue se retourne encore plus contre Henri III.
1589 : En désespoir de cause, Henri III s'allie à Henri de Navarre pour lutter contre la Ligue catholique. Ils négocient une trêve avec les huguenots et se concentrent sur la reprise de Paris. Mais malheureusement, le meurtre d'Henri III stoppe net leur progression. Henri de Navarre devient le roi Henri IV, non reconnu par la Ligue.
Septembre 1589-1591 : Henri IV remporte d'importantes victoires contre la Ligue et assiège Paris pendant quatre mois, sans succès.
1593 : Henri IV change de religion pour adopter le catholicisme, éliminant ainsi la principale raison d'être de la Ligue. La Ligue s'effondre et Henri monte sur le trône de France.
Fig. 6 Frans Pourbus le Jeune
L'édit de Nantes : Avril 1598
L'édit de Nantes met fin aux guerres de religion françaises. Il accorde la liberté religieuse aux huguenots mais maintient la religion officielle catholique. Il permet la coexistence entre les religions catholique et protestante, mais ne vise pas à apporter une solution permanente à la division confessionnelle en France. Selon l'historien Mack Holt, l'objectif ultime était toujours l'unité religieuse. Cependant, il a permis le pluralisme religieux et a apporté la paix à la France pendant près d'un siècle.
Guerres de religion en France - Principaux enseignements
Les guerres de religion françaises étaient huit guerres civiles entre les huguenots protestants et les catholiques.
L'agression religieuse qui a alimenté les guerres a commencé avec l'affaire des Placards en 1534.
Les guerres se sont fracturées dans les années 1570 lorsque s'est formée la Ligue catholique, qui a lutté contre les huguenots et la monarchie.
Les guerres ont finalement pris fin en 1598 avec l'Édit de Nantes, qui accordait des libertés religieuses aux catholiques et aux protestants.
Références
Mack Holt, Les guerres de religion en France, 1562-1629, 1995
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Questions fréquemment posées en Guerres de Religion françaises
Quelles sont les Guerres de Religion françaises?
Les Guerres de Religion françaises sont des conflits entre catholiques et protestants en France au 16e siècle, principalement entre 1562 et 1598.
Qui étaient les principaux acteurs des Guerres de Religion françaises?
Les principaux acteurs étaient les catholiques et les protestants huguenots, avec des chefs comme Catherine de Médicis et Henri de Navarre.
Quelle a été la cause des Guerres de Religion françaises?
La cause principale des guerres était les tensions religieuses croissantes entre les catholiques et les protestants, exacerbées par des intérêts politiques et territoriaux.
Comment ont pris fin les Guerres de Religion françaises?
Les guerres ont pris fin avec l'Édit de Nantes en 1598, signé par Henri IV, qui accordait la liberté de culte aux protestants et mettait fin aux hostilités.
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Lily Hulatt
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Lily Hulatt is a Digital Content Specialist with over three years of experience in content strategy and curriculum design. She gained her PhD in English Literature from Durham University in 2022, taught in Durham University’s English Studies Department, and has contributed to a number of publications. Lily specialises in English Literature, English Language, History, and Philosophy.
Gabriel Freitas is an AI Engineer with a solid experience in software development, machine learning algorithms, and generative AI, including large language models’ (LLMs) applications. Graduated in Electrical Engineering at the University of São Paulo, he is currently pursuing an MSc in Computer Engineering at the University of Campinas, specializing in machine learning topics. Gabriel has a strong background in software engineering and has worked on projects involving computer vision, embedded AI, and LLM applications.