Le siècle des Lumières

Que sont les Lumières ?

Les Lumières incarnent une intense remise en question du statu quo, et la raison commence à remplacer les idéaux superstitieux traditionnels. En conséquence, les connaissances et les idées sur l'art, la littérature, la philosophie, la politique et la science sont toutes remodelées, initialement en empruntant et en développant les textes classiques grecs et romains. Il y a plusieurs « Lumières », notamment en Grande-Bretagne, en France et en Allemagne. Certains affirment que les idéaux des Lumières contribuent à la Révolution française de 1789 et d'autres remettent cela en question, comme l'historien américain Thomas E. Kaiser¹ dans un ouvrage extensif sur l'origine de la Révolution française.

Nous nous concentrons ici sur le siècle des Lumières en France, mais des penseurs étrangers influents apportent aussi une contribution importante à cette période. Les travaux de l'Écossais David Hume et du Prussien Emmanuel Kant sont tous deux devenus des éléments essentiels de la philosophie moderne au cours du XVIIIᵉ siècle.

Les idées du siècle des Lumières

Même si les Lumières couvrent de nombreuses disciplines, trois idées clés définissent ce mouvement.

Le philosophe anglais John Locke écrit le premier traité important qui marque le début de la période des Lumières. Son Essai sur l'entendement humain publié en 1689 est une référence pour les penseurs français qui l'ont suivi.

Le point critique de l'essai est que tous les humains sont des toiles vierges à la naissance et qu'ils ont besoin d'une expérience pour acquérir des connaissances. Cela réfute la notion selon laquelle la nature humaine est instinctive et innée. Locke remplace ainsi la croyance rationaliste de Descartes selon laquelle « je pense, donc je suis » (Cogito, ergo sum) par l'empirisme.

Les philosophes : liberté, égalité, expérimenter

Toutes ces idées sont présentes dans l'œuvre de plusieurs philosophes français. Voici comment ils insufflent les bases d'un vent de liberté, d'égalité et de droit de penser.

Voltaire

Né François-Marie Arouet, Voltaire est un dramaturge et un écrivain clé de la période des Lumières en France. Il publie sa pièce Œdipe en 1717, dans laquelle il fait la satire de la décadence de l'aristocratie française et de l'inceste systémique qui la gangrène.

Image 1. Portrait de Voltaire, 1811

Après avoir passé un certain temps en Angleterre pour échapper à la persécution, il constate que le niveau de liberté est complètement différent de celui de sa patrie. Son texte phare est le roman satirique Candide achevé en 1759. Il y juxtapose la souffrance du personnage éponyme à l'optimisme de son professeur Pangloss. Pour Candide, tout comme pour Voltaire, le bonheur doit provenir de l'intérieur de soi et non de facteurs extérieurs comme la religion ou les événements.

Le baron de Montesquieu

Le baron de Montesquieu est un autre écrivain qui s'inscrit dans la tradition de la satire. Il utilise le point de vue des étrangers pour commenter l'état de la société française dans ses Lettres persanes de 1721. Par ce biais, il peut critiquer la religion et la politique françaises.

Image 2. Portrait du baron de Montesquieu

La publication la plus influente de Montesquieu s'intitule De l'esprit des lois, achevée en 1748. Comme Locke avant lui, il se bat pour diffuser l'idée que la connaissance doit être amassée par l'expérience. De l'esprit des lois devient une critique du gouvernement et un modèle pour l'avenir. Montesquieu estime que des personnes différentes, dotées d'une expertise pertinente, doivent diriger chaque aspect de la gouvernance.

Jean-Jacques Rousseau

Suite à une enfance et une éducation dans un environnement avec une pensée strictement calviniste, le philosophe Jean-Jacques Rousseau devient l'un des penseurs des Lumières les plus influents. La plupart de ses idées reposent sur le fait que la société inhibe et aggrave le comportement humain.

Image 3. Portrait de Jean-Jacques Rousseau, 1753

Dans son Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de 1754, Rousseau dit que c'est la société, fondée sur la propriété, qui est la cause de l’inégalité et de la corruption des hommes. Cette idée est développée davantage dans Du contrat social de 1762. Il y décrit la relation entre ceux qui font les lois et le peuple qu'ils gouvernent. Il poursuit également les idées de John Locke sur l'individualisme :

Diderot et d'Alembert : L'Encyclopédie

Diderot a également un impact important sur la pensée des Lumières. Son ouvrage anti-religieux de 1746, Pensées philosophiques, marque le début de sa carrière d'éditeur.

Image 4. Portrait de Diderot, 1773

Cependant, c'est à sa compilation de l'Encyclopédie (1751–1772) qu'il doit sa notoriété. Présentée comme un ensemble rationnel de connaissances pour tous, elle contient des idées sur la politique, la philosophie, la littérature, l'art et la science, entre autres ! Cette œuvre permet la libre pensée et les idées nouvelles, comme l'encourage Locke. L'Église catholique interdit l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert en 1759 par crainte des débats qu'elle peut susciter. Malgré cela, Diderot poursuit la publication de l'Encyclopédie à l'étranger, qui inclut les travaux de Voltaire et Rousseau, et elle s'achève en 1772.