Mariée à Henri II, son influence grandit lorsque ce dernier décède et que ses enfants François II, Charles IX, puis Henri III deviennent rois à leur tour. Elle tente alors sans succès de mettre fin aux guerres de Religion et s'implique dans la protection des arts. Entre alliances dynastiques, défense de la liberté de culte, répressions et mécénat, Catherine de Médicis imprime sa patte sur la France du XVIᵉ siècle, dans une monarchie pourtant institutionnellement masculine.
- Tu auras d'abord un rapide aperçu des premières années de la vie de Catherine de Médicis.
- On abordera son accession au trône par son mariage à Henri II, futur roi de France.
- On verra alors comment elle passe du statut de reine de France à celui de reine mère sous François II.
- Tu apprendras ensuite son rôle dans les guerres de Religion en tant que reine régente puis reine mère de Charles IX.
- Puis, tu entreverras son rôle plus discret sous Henri III.
- Enfin, on découvrira pourquoi c'était une femme de la Renaissance.
Qui est Catherine de Médicis ?
Catherine de Médicis est une femme italienne du XVIᵉ siècle qui règne sur la France et influence sa politique pendant la majorité de sa vie.
Elle naît le 13 avril 1519 à Florence, en Italie. Elle est la fille de Laurent II de Médicis, duc d'Urbino, et de Madeleine de la Tour d'Auvergne, comtesse de Boulogne. Orpheline jeune, elle hérite d'une immense fortune. Elle reçoit une éducation humaniste à Rome, sous la protection de son cousin le cardinal Jules de Médicis, qui devient le pape Clément VII en 1923. À dix ans, rentrée à Florence, elle est retenue comme otage pendant la révolte républicaine contre les Médicis. Après avoir été cachée dans des couvents, elle revient à Rome en 1530, où elle y passe trois ans, jusqu'à son mariage.
Image 1. Catherine de Médicis, en tenue de deuil après la mort d'Henri II, vers 15651
Mariage à Henri II : Catherine de Médicis, reine de France
En 1533, l'oncle de Catherine de Médicis, le pape Clément VII, organise son mariage avec le prince Henri, duc d'Orléans.
À l'époque, les mariages royaux ne sont pas une question d'amour, mais de stratégie. Deux grandes familles puissantes s'allient pour obtenir des avantages politiques et accroître leur pouvoir.
Le mariage d'Henri et de Catherine est un succès stratégique puisque Catherine donne naissance à dix enfants. Bien que seuls sept d'entre eux survivent, plusieurs deviennent monarques :
- François II, Charles IX et Henri III sont successivement rois de France.
- Élisabeth de Valois devient par mariage à Philippe II d'Espagne, reine consort d'Espagne, de Naples et de Sicile.
- Marguerite de Valois épouse Henri de Bourbon, futur Henri IV, et devient ainsi reine de Navarre puis reine de France.
Le frère aîné d'Henri meurt en 1536, faisant d'Henri le dauphin du roi François Iᵉʳ. À la mort de ce dernier en 1547, Henri monte sur le trône et devient Henri II. Catherine de Médicis devient alors reine de France.
Pendant les douze ans de règne de son mari, Catherine de Médicis est impliquée dans de nombreuses décisions politiques, notamment dans les guerres contre Charles Quint. Elle souffre cependant de l'influence de la concubine du roi, Diane de Poitiers.
Fervent catholique, Henri II poursuit la politique de François Iᵉʳ contre les protestants.
La division entre protestants et catholiques trouve son origine dans la Réforme protestante de Martin Luther en 1517 : le christianisme se divise.
En France, le mouvement des protestants huguenots apparaît en 1536. Ils suivent les enseignements de Jean Calvin.
Reine mère sous François II
À la mort d'Henri II en 1559, le jeune François II accède au trône. Sa mère, Catherine de Médicis le conseille.
De 1559–1560, François II est ainsi roi de France. Bien que théoriquement assez âgé pour régner (15 ans), il s'appuie sur les recommandations de sa mère. Celle-ci lui conseille de donner les rênes aux Guise, oncles de sa femme, Marie Stuart, reine d'Écosse. La famille de Guise, catholique et soutenue à la fois par la papauté et l'Espagne, intensifie la persécution des huguenots dans toute la France.
Catherine de Médicis argue son fils d'adopter une politique d'apaisement, mais elle a encore peu de pouvoir.
En mars 1560, un groupe de huguenots tente d'enlever le roi pour le soustraire de l'influence de la famille de Guise. C'est la conjuration d'Amboise. Leur plan échoue.
François II meurt en novembre 1560.
Reine régente sous Charles IX
De 1560–1574, sous le règne de Charles IX, qui devient roi à 10 ans, le pouvoir de Catherine de Médicis grandit. Pendant les trois premières années, elle est officiellement reine régente, avant d'adopter un rôle moins important, mais tout aussi influent. Cette période est marquée par ses tentatives d'apaisement des premières guerres de Religion.
Guerres de Religion : huit conflits entre catholiques et huguenots qui se succèdent en France entre 1562–1598
Image 2. Catherine de Médicis avec François de France, Charles IX, Marguerite de Valois et Henri III, 15612
À la mort de François II, souhaitant ainsi la paix sur le territoire, Catherine de Médicis affaiblit le pouvoir de la famille Guise en nommant Antoine de Bourbon comme lieutenant général de France.
Les Bourbons sont une famille proche des protestants qui aspire au trône. Ils sont impliqués dans la conspiration d'Amboise pour renverser François II en 1560. En nommant Antoine, Catherine peut évincer la famille de Guise de la cour de France et calmer temporairement les aspirations d'Antoine au trône.
Antoine de Bourbon prend finalement le parti des catholiques alors même que sa femme, Jeanne d'Albret, est une huguenote convaincue. Même si Antoine se bat pour le roi de France contre les protestants, Jeanne implante des réformes protestantes au royaume de Navarre.
Henri de Bourbon, futur Henri IV, est le fils d'Antoine et de Jeanne.
Partisane de la liberté de culte
Catherine de Médicis est ainsi le principal artisan des textes de tolérance et de paix au début des guerres de Religion :
1562, édit de janvier. Il permet aux huguenots de prêcher librement en France, un décret historique pour mettre fin à la persécution protestante. Le massacre de Vassy, organisé par la famille de Guise, qui s'ensuit déclenche la première guerre de Religion.
Le massacre de la Saint-Barthélemy
Les conflits continuent malgré tout de faire rage entre huguenots et catholiques. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, le Conseil royal ordonne le meurtre d'un groupe de dirigeants huguenots, dont Coligny, un huguenot de premier plan et un conseiller influent du roi Charles IX. Une tuerie sauvage s'ensuit jusqu'en octobre 1572 : plus de 4 000 protestants meurent à Paris, 10 000 dans le reste de la France.
Catherine de Médicis fait l'objet d'un grand nombre de critiques et de reproches pour les nombreux décès survenus lors du massacre de la Saint-Barthélemy.
Pour préserver son pouvoir politique, elle approuve l'assassinat de Coligny et de ses lieutenants, mais elle semble n'avoir joué aucun rôle dans le massacre des milliers de huguenots.
Image 3. Catherine de Médicis devant la porte du Louvre au lendemain de la Saint-Barthélemy, 15723
Reine mère sous Henri III
Après la mort de Charles IX en 1574, Henri III devient roi. Catherine ne joue pas le rôle de régente pendant le règne d'Henri III, assez âgé pour gouverner seul (23 ans). Elle continue cependant d'influencer son règne en supervisant les affaires du royaume, agissant comme sa conseillère politique.
Catherine de Médicis meurt en 1589, quelques mois avant le roi. Henri de Bourbon lui succède sous le titre d'Henri IV, après s'être converti au christianisme. Même si sa fille Marguerite de Valois devient reine de France, c'est la fin de la dynastie de Catherine de Médicis.
L'œuvre de Catherine de Médicis en faveur de la liberté de culte n'est accomplie qu'après sa mort.
Le roi Henri IV partage le désir de paix religieuse de Catherine et publie l'édit de Nantes en 1598. Cet édit met fin aux guerres de Religion, en instaurant la coexistence religieuse entre catholiques et protestants. La France devient le premier royaume européen dont la religion du roi n'est pas imposée aux sujets.
Femme de la Renaissance et machiavélisme ?
Catherine de Médicis adopte les idéaux de la Renaissance, à savoir le classicisme, l'équilibre, le scepticisme et l'individualisme. Son affinité pour Érasme la pousse à tenter de chercher la voie de la paix, tandis que d'autres courants sous-tendent sa politique d'unité du royaume sous la couronne. Elle participe ainsi à l'affirmation de l'État dans le royaume de France.
Elle devient également une véritable protectrice des arts et la mécène de nombreux artistes. Sa principale passion est l'architecture. Elle est directement impliquée dans la création de monuments commémoratifs pour son défunt mari et dans de grands projets de construction.
Fille de Laurent de Médicis, à qui Machiavel dédie son essai Le Prince (1532), on attribue souvent à Catherine de Médicis une politique empreinte de machiavélisme.
C'est vraisemblablement une légende. L'historiographie moderne dresse le portrait d'une reine tentant d'apaiser les conflits religieux et de maintenir une politique d'union nationale autour du trône de ses fils.
Catherine de Médicis - Points clés
Catherine de Médicis (1519–1589) est une femme aristocrate italienne qui a un profond impact sur la monarchie française du XVIᵉ siècle.
Catherine de Médicis règne sur la France en tant que :
reine consort d'Henri II (1547–1559) ;
reine mère de François II (1559–1560) ;
reine régente (1560–1563) de Charles IX (1560–1574) puis reine mère ;
reine mère d'Henri III (1574–1589).
Sa période est marquée par les conflits politiques et religieux entre catholiques et huguenots, qui culminent lors des guerres de Religion (1562–1598).
Lors du massacre de la Saint-Barthélemy (1572), Catherine de Médicis aurait commandité l'assassinat de personnalités politiques huguenotes, mais pas celui des huguenots ordinaires.
Femme de la Renaissance, c'est également une grande mécène des arts.
Références
- CLOUET, François, Portrait de Catherine de Médicis (1519-1589), reine de France, huile sur bois, vers 1565, Musée Carnavalet
- CLOUET, François, Portrait en pied de Catherine de Médicis avec ses enfants Charles IX, Henri, François et Marguerite de Valois, huile sur toile, 1561, Strawberry Hill, The Horace Walpole Collection.
- DEBAT-PONSAN, Édouard, Un matin devant la porte du Louvre, huile sur toile, 1880, musée d'art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand.
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