Sauter à un chapitre clé
Plusieurs régimes totalitaires voient le jour dans l'entre-deux-guerres. Ainsi, en URSS, le régime de Staline est l'un des plus durables et puissants du XXᵉ siècle. Plus à l'ouest, Benito Mussolini instaure le fascisme en Italie. Il devient un modèle pour Adolf Hitler qui développe son propre mouvement totalitaire, le nazisme, en Allemagne. Entre parti unique, contrôle de l'économie, propagande et déportations, les gouvernements totalitaires sont violents et anti-démocratiques.
- On va d'abord étudier la différence entre dictature et totalitarisme.
- Ensuite, tu verras en détail trois régimes totalitaires du XXᵉ siècle : celui de Staline en URSS, le fascisme de Mussolini en Italie et la dictature d'Hitler en Allemagne.
- Enfin, on abordera rapidement leur chute.
Dictature et totalitarisme
Une dictature traditionnelle utilise la terreur uniquement dans le but d'écraser l'opposition. Le totalitarisme, lui, continue d'exercer un régime de terreur même lorsque l'opposition est écrasée. De plus, une dictature n'est pas toujours totalitaire, dans le sens où elle n'investit pas toutes les sphères de la société.
Totalitarisme : système de gouvernement dans lequel tous les aspects de la société, y compris la culture, la religion, l'économie et l'armée, sont contrôlés par l'État
Un État totalitaire est caractérisé par :
des lois restrictives touchant tous les aspects de la vie des citoyens ;
un seul dictateur au pouvoir absolu ;
un parti unique ;
un service militaire obligatoire ;
une censure médiatique et artistique ;
l'interdiction de certaines pratiques religieuses ;
une propagande généralisée ;
la répression de toute critique du gouvernement ;
des organismes de répression au pouvoir quasi illimité.
Tout dans l'État, rien contre l'État, rien en dehors de l'État.
– Benito Mussolini, discours à la Chambre des députés, 19271
Le terme « totalitaire » est à l'origine créé par des opposants italiens pour dénoncer les pratiques fascistes. Benito Mussolini le reprend ensuite et le revendique.
Les termes totalitarisme et autoritarisme sont souvent utilisés de manière interchangeable. C'est une erreur. L'autoritarisme est une forme de gouvernement dans laquelle un dirigeant intransigeant autorise certaines libertés individuelles. Ainsi, le régime de Fidel Castro à Cuba et celui d'Hugo Chavez au Venezuela sont des régimes autoritaires, mais pas totalitaires.
Les régimes totalitaires
Parmi les exemples connus de régimes totalitaires, citons l'Union soviétique de Joseph Staline, l'Allemagne nazie d'Adolf Hitler, la Chine communiste de Mao Zedong, l'Italie fasciste de Benito Mussolini et la dynastie des Kim en Corée du Nord.
Le totalitarisme est un système de gouvernement et non une idéologie politique. Ainsi, il peut se manifester dans des gouvernements de différentes mouvances.
L'URSS de Staline
L'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) est créée en 1922 par Vladimir Lénine pour rassembler des pays européens et asiatiques socialistes sous le contrôle de Moscou. Sa dictature prend fin à sa mort, en 1924.
Joseph Staline s'empare du pouvoir en 1927 après une lutte d'influence et intensifie la dictature de son prédécesseur. Il instaure le stalinisme. Ce terme désigne l'idéologie et l'ensemble des politiques développées par Staline jusqu'en 1953. Ces politiques sont ensuite adoptées par les autres partis communistes.
À partir de 1929, il impose l'étatisation de l'économie : de nombreuses terres sont collectivisées de force, c'est la dékoulakisation.
Les koulaks sont les paysans riches.
Les paysans doivent intégrer les kolkhozes (coopératives d'État) ou les sovkhozes (fermes d'État où ils sont salariés). Tout opposant est déporté au Goulag, dans des camps de travail.
Cette politique agricole s'accompagne d'une industrialisation forcée et à partir de 1928, de plans quinquennaux aux objectifs irréalistes.
Officiellement communiste, soit affirmant donner le pouvoir à la classe ouvrière, le régime stalinien impose en réalité une répression de toute la population. Le parti communiste devient ainsi le parti unique dès 1925.
En 1934, Staline crée la NKVD, organisme de police politique qui remplace la Guépéou (anciennement Tchéka). Elle remplit le même rôle : réprimer ou éliminer tous opposants du parti communiste, qui sont généralement envoyés au Goulag.
L'usage de ce système concentrationnaire se généralise sous Staline. On estime que 20 millions de personnes (hommes, femmes, enfants) sont envoyées aux camps et 4 millions y meurent.
Entre 1936–1938, Staline orchestre la Grande Terreur ou les Grandes Purges. Environ 750 000 « antisoviétiques » sont exécutés. Au cours des procès de Moscou, nombre d'anciens révolutionnaires et rivaux de Staline sont condamnés, la plupart à la peine capitale.
Staline se présente comme chef suprême, ayant presque un statut de divinité. Grâce à la propagande, il renforce le culte de la personnalité.
Staline est surnommé le « petit père des peuples » et se met souvent en scène comme un gentil grand-père protégeant ses petits-enfants.
Après 1945, alors que la bipolarisation entre bloc de l'Ouest américain et bloc de l'Est soviétique s'intensifie, l'emprise stalinienne sur la population de l'URSS se durcit encore plus.
Mussolini et le fascisme
Le premier gouvernement fasciste à prendre le pouvoir dans l'histoire est celui du dictateur italien Benito Mussolini, à partir de 1922.
Fascisme : idéologie politique collectiviste, souvent associée à une identité ethnique, qui promeut le nationalisme. Le pouvoir est centralisé et détenu par un dictateur. L'État fasciste est tout-puissant puisqu'il décide de la moralité, limite les droits des individus et utilise la violence comme outil politique.
Pour une partie de la population italienne, le traité de paix actant la fin de la Première Guerre mondiale constitue une humiliation et entache la fierté nationale. La récession économique et les promesses non tenues faites aux anciens soldats accroissent encore l'instabilité politique.
L'expression Vittoria Mutilata (victoire mutilée) est utilisée pour décrire le sentiment de trahison envers les puissances alliées.
Après la marche sur Rome de ses Chemises noires, des factions paramilitaires, Benito Mussolini devient Premier ministre le 31 octobre 1922. Le parti national fasciste d'Italie (Partito Nazionale Fascista, PNF) gagne les élections parlementaires de 1924. Après élimination des opposants, le Duce est le seul homme à la tête du gouvernement en 1925 et reste au pouvoir jusqu'en 1943.
Fort d'un pouvoir absolu, le gouvernement de Mussolini impose de nombreuses lois totalitaires tout au long des années 1920 et 1930.
Les lois fascistissimes de 1926, appelées lois de défense de l'État, font de l'Italie un État fasciste totalitaire. Elles instaurent en effet un parti unique, organisent la censure, suppriment les syndicats et créent l'OVRA, une police politique pour réprimer toute opposition.
Le slogan « Vaincre ! Et nous vaincrons ! » est tiré du discours de Mussolini du 10 juin 1940 où il annonce à la population italienne l'entrée en guerre du pays contre la France et la Grande-Bretagne.
Le Troisième Reich d'Adolf Hitler
L'entre-deux-guerres voit une instabilité économique et politique similaire dans la République allemande de Weimar. Le gouvernement de coalition démocratique faible composé de nombreux partis non majoritaires ne réussit pas à apaiser la population et laisse place à la montée des partis extrémistes.
Adolf Hitler prend le pouvoir par le biais de lois d'urgence en 1933, avant d'être plébiscité à 84 % l'année suivante. Hitler reste chancelier et chef de l'État du Troisième Reich jusqu'à son suicide, en 1945.
Son parti nazi s'inspire de l'idéologie fasciste de Mussolini pour créer son gouvernement, notamment en éliminant ses opposants, parfois à l'intérieur même du parti, comme lors de la nuit des Longs Couteaux.
Comme en URSS et en Italie, la propagande bat son plein. Hitler est idolâtré, la délation récompensée et la jeunesse embrigadée, notamment dans les jeunesses hitlériennes.
Hitler est appelé le Führer, soit le guide.
L'idéologie du gouvernement nazi met beaucoup plus l'accent sur l'identité raciale. La race soi-disant aryenne est vue comme supérieure et le Reich a pour mission d'unir tous ses membres sous une seule nation et un seul dirigeant. Cette supériorité supposée d'une catégorie d'individus entraine la persécution de races dites inférieures, comme les personnes de religion juive, les Roms et individus homosexuels.
En 1935, les lois de Nuremberg institutionnalisent l'antisémitisme en Allemagne, en ôtant notamment la nationalité allemande aux individus juifs. La nuit de Cristal du 9 novembre 1938 constitue un des plus violents pogroms contre les Juifs de l'histoire nazie.
Le génocide du peuple juif, Holocauste ou Shoah, est organisé et constitue une partie importante des politiques nazies. À partir de 1938, les rafles et les internements dans des camps de concentration se multiplient. Certains camps se transforment en camps d'extermination, dans le cadre de la Solution finale : le but est d'éliminer le plus de personnes possible en un minimum de temps. Trois millions de personnes y meurent, la majorité juives. En tout, six millions de personnes juives sont tuées sur les sept millions en Europe avant l'arrivée au pouvoir des nazis.
Ce sont la police politique Gestapo et l'agence paramilitaire Schutzstaffel (SS) qui organisent la répression des individus considérés comme ennemis du Reich.
Seconde Guerre mondiale : guerre totalitaire ou guerre totale ?
Le terme « guerre totalitaire » est rarement usité. On parle de guerre totale pour désigner un conflit qui engage l'ensemble de la société en guerre.
Si la Première Guerre mondiale est le premier conflit qualifié de guerre totale, c'est vraiment la Seconde Guerre mondiale qui correspond à cette définition. Toutes les populations des pays en guerre sont mobilisées et toutes les ressources sont utilisées pour la lutte contre l'ennemi.
Chute du totalitarisme en Europe
La victoire des Alliés en Europe entraine la dissolution de l'Italie fasciste et l'Allemagne nazie, et la mort de Benito Mussolini et d'Adolf Hitler. Les autres gouvernements fascistes d'Europe passent principalement sous l'influence de l'Union soviétique. Ils sont remplacés par des gouvernements communistes, rattachés au régime totalitariste de Staline, tandis que des gouvernements démocratiques sont établis à l'ouest.
L'Espagne de Franco et le Portugal de Salazar constituent les deux pays européens toujours dirigés par des fascistes après 1945. Ils disparaissent à la fin des années 1970.
Quand Staline meurt en 1953, le caractère totalitaire de l'URSS se délite, notamment en l'absence de véritable figure pour reprendre le rôle de chef. L'URSS ne devient pas pour autant une démocratie où il fait bon vivre et continue de réprimer une partie de la population jusqu'à sa dislocation en 1991.
totalitarisme - Points clés
- Le totalitarisme est un système de gouvernement dans lequel l'État contrôle tous les aspects de la société et de la vie des individus. Il se différencie de la dictature par cette présence partout et son usage continu de la terreur.
- Il se caractérise notamment par un parti unique, un chef suprême et une police politique.
- Les régimes totalitaires peuvent avoir des idéologies différentes.
- Parmi les régimes totalitaires, on a :
- l'URSS de Staline (1924–1953) ;
- l'Italie fasciste de Mussolini (1922–1943) ;
- l'Allemagne nazie d'Hitler (1933–1945).
- La victoire alliée pendant la Seconde Guerre mondiale sonne le glas des régimes fasciste et nazi. Le totalitarisme stalinien s'éteint à la mort de son chef, mais conserve une forme d'autoritarisme jusqu'à la dislocation de l'URSS en 1991.
Références
- MUSSOLINI, Benito, Discours de l'Ascension, prononcé à la Chambre des Députés (26 mai 1927)
- Image 1. Collage de leaders totalitaires (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Historical_totalitarian_leaders.jpg) par General Iroh, the Dragon of the West, Autorisé par CC BY-SA 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.fr)
- Image 3. Musée national du Risorgimento Italien (https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Propaganda.JPG), par NicolaPasquale, Autorisé par CC BY-SA 3.0 (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/deed.fr)
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Questions fréquemment posées en Totalitarisme
Qu'est-ce-qu'un État totalitaire ?
Un État totalitaire est un régime dans lequel l'État contrôle tous les aspects de la société (culture, religion, économie, armée, vie privée) et réprime toute personne considérée comme opposant.
Quelle est la différence entre une dictature et un régime totalitaire ?
La différence entre une dictature et un régime totalitaire est qu'une dictature ne contrôle pas nécessairement tous les aspects de la société, tandis que le régime totalitaire impose son pouvoir partout.
Qui a créé le totalitarisme ?
Le totalitarisme apparaît dans l'entre-deux-guerres, alors que des dictatures se durcissent et investissent toutes les sphères de la société. Le mot totalitarisme est créé par des opposants à Mussolini, qui le reprend et le revendique.
Quelle est la différence entre le totalitarisme et l'autoritarisme ?
La différence entre le totalitarisme et l'autoritarisme est qu'un régime autoritaire autorise un certain degré de libertés individuelles tandis qu'un régime totalitaire contrôle tous les aspects de la société, même la vie privée.
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