Conférence de Yalta

Date de la conférence de Yalta et participants

La conférence de Yalta, dont le nom de code est Argonaute, s'est tenue du 4 au 11 février 1945, près de Yalta en Crimée, dans trois palais. L'objectif de la conférence était que les dirigeants de la Grande Alliance, Staline, Churchill et Roosevelt, discutent de la réorganisation de l'Allemagne et de l'Europe après la guerre .

Carte montrant Yalta (bleu foncé), commons.wikimedia.org

Les Alliés voulaient assurer une paix d'après-guerre, représentant la sécurité et l'ordre collectifs au sein du continent européen. Ils voulaient également offrir aux peuples libérés d'Europe un plan d'autodétermination, c'est-à-dire qu'ils devaient choisir leur propre gouvernement et leur avenir. Ce plan avait pour but de rétablir les nations de l'Europe déchirée par la guerre dans une unité stable et d'éviter toute nouvelle guerre.

Priorités de la Conférence de Yalta

Au cours de la Conférence de Yalta, certaines décisions clés devaient être prises, concernant en particulier le sort de l'Allemagne et de la Pologne d'après-guerre, ainsi que la défaite des Japonais dans le Pacifique.

L'Allemagne d'après-guerre

Tout d'abord, les Alliés ont décidé qu'un "comité de démembrement de l'Allemagne" devait être mis en place afin de décider de la manière dont l'Allemagne devait être divisée.

Winston Churchill souhaitait diviser l'Allemagne en trois États allemands différents, tandis que Roosevelt voulait une Allemagne composée de cinq régions, de deux zones internationales et d'une Autriche administrée par les Alliés. Le plan Morgenthau, proposé en 1944 par Henry Morgenthau Jr, visait quant à lui à éliminer la capacité de l'Allemagne à faire la guerre en se débarrassant de son industrie de l'armement et en supprimant d'autres industries essentielles à la force militaire. Il s'agissait notamment de détruire toutes les installations industrielles situées dans la vallée de la Ruhr.

Finalement, les trois dirigeants ont ratifié l'accord de la Commission consultative européenne. Celui-ci divise l'Allemagne en trois zones d'occupation, une pour chacun des trois principaux alliés, les États-Unis, le Royaume-Uni et l'Union soviétique. Les États-Unis et le Royaume-Uni acceptent par la suite de donner à la France sa propre zone d'occupation, découpée dans la leur. Berlin, la capitale de l'Allemagne, a été divisée de la même façon en quatre zones. Une grande partie de l'Allemagne de l'Est a également été annexée par la Pologne pour compenser les terres que la Pologne avait perdues au profit des Soviétiques. Nous y reviendrons plus tard.

Carte de l'Allemagne divisée entre les Alliés

Les Alliés ont également décidé qu'ils devaient se préparer à une nouvelle menace militaire potentielle de l'Allemagne une fois la guerre terminée. Pour ce faire, la dénazification de l'Allemagne devait être complète. Cette opération a été surnommée les Cinq D, qui comprenaient la démilitarisation, la dénazification, la décentralisation, la démocratisation et la décartellisation de l'Allemagne. Pour en savoir plus, consulte l'article sur la conférence de Potsdam.

Le sort de la Pologne

Le sort de la Pologne était le sujet le plus important pour les Soviétiques. L'Armée rouge occupait complètement la Pologne au moment de la réunion et tenait une grande partie de l'Europe de l'Est, avec des forces militaires bien plus importantes que celles des Alliés à l'Ouest.

Staline déclare que la question de la Pologne est une question de sécurité, car historiquement, la Pologne a servi de zone tampon pour les forces qui tentaient d'attaquer la Russie. Cela signifie que Staline veut une Pologne forte, et il exprime le désir de l'Union soviétique de créer une "Pologne puissante, libre et indépendante".

Lors de la conférence, il a été convenu que les Soviétiques pourraient conserver le territoire de l'est de la Pologne qu'ils avaient annexé en 1939, tandis que la Pologne recevrait une grande partie de l'Allemagne de l'Est en guise de compensation. La carte ci-dessus montre à quoi ressemblaient les nouvelles frontières de la Pologne (en rouge jusqu'à la ligne Curzon) après la guerre en 1945.

Cependant, Staline voulait également installer un gouvernement communiste en Pologne, tandis que Roosevelt et Churchill estimaient que le gouvernement polonais en exil à Londres était le plus représentatif du peuple polonais. En fin de compte, les trois dirigeants se sont simplement mis d'accord pour que des élections libres soient organisées dès que possible...

Fin de la guerre du Pacifique et autres exigences soviétiques

Enfin, les États-Unis voulaient le soutien de l'Union soviétique dans la guerre du Pacifique, afin que l'invasion prévue de l'Empire du Japon, sous le nom de code " Opération Tempête d'août", puisse avoir lieu. Roosevelt espérait que cela mettrait fin à la guerre plus tôt et sauverait des vies américaines.

Mais Staline a posé de multiples exigences avant d'accepter que les Soviétiques déclarent la guerre au Japon :

• L'indépendance de la Mongolie par rapport à la Chine doit être officiellement reconnue par les États-Unis. En effet, la République populaire de Mongolie était un État satellite soviétique depuis 1924.

• Les Soviétiques voulaient que leurs intérêts dans les chemins de fer de Mandchourie et Port Arthur soient reconnus sans demander de bail aux Chinois.

• Les Soviétiques voulaient la restitution de Karafuto, communément appelée Sakhaline du Sud, qu'ils avaient perdue lors de la guerre russo-japonaise de 1905, ainsi que la prise de possession des îles Kouriles.

Principaux résultats de la conférence de Yalta

Cependant, ces trois points clés discutés à la Conférence de Yalta, entre les "trois grands" dirigeants, n'étaient pas les seuls dignes d'intérêt. Tu trouveras ci-dessous deux autres résultats importants de la conférence.

Churchill, Roosevelt et Staline à Yalta

Déclaration de l'Europe libérée

Les trois grands ont créé la Déclaration de l'Europe libérée au cours de la conférence de Yalta. Il s'agit d'une promesse qui permet à tous les pays libérés du contrôle nazi de se voir garantir le droit "de créer les institutions démocratiques de leur choix". La déclaration promettait que les nations pourraient organiser des élections libres et choisir leur propre gouvernement. Ces déclarations étaient similaires à celles de la Charte de l'Atlantique qui déclarait "le droit de tous les peuples de choisir la forme de gouvernement sous laquelle ils vivront".

Les trois grands se sont mis d'accord pour que tous les gouvernements d'origine soient rétablis dans les pays envahis en attendant de nouvelles élections. Cependant, Staline se voit offrir sa propre "sphère d'influence" sur l'Europe de l'Est, où les idéaux communistes seront défendus, puisque les Soviétiques ont déjà installé leurs propres gouvernements dans des pays comme la Roumanie et la Bulgarie. Quant à la Pologne, son gouvernement en exil a été exclu par Staline et un nouveau gouvernement devait être élu...

Les Nations Unies

Les Alliés se sont également mis d'accord sur la création des Nations Unies, une organisation dont le but est de prévenir les guerres futures, succédant à la Société des Nations qui n'a pas réussi à stopper les escalades qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale.

L'objectif était d'assurer la coopération internationale et Roosevelt s'est assuré d'obtenir l'engagement de Staline de participer aux Nations Unies lors de la Conférence de Yalta.

La Charte des Nations Unies a été rédigée et adoptée par 50 gouvernements lors de la Conférence de San Francisco le 25 avril 1945. La charte est entrée en vigueur le 24 octobre 1945, date à laquelle l'ONU a commencé ses activités. L'organisation compte aujourd'hui 193 membres, représentant la quasi-totalité des États souverains du monde.

La conférence de Yalta a-t-elle été un succès ?

En apparence, la Conférence de Yalta semble être un succès puisque les Alliés ont réussi à se mettre d'accord sur un certain nombre de questions, ce qui a conduit au Protocole des Actes: les Alliés ont accepté de diviser l'Allemagne en quatre zones d'occupation, de juger les criminels de guerre nazis, de laisser les pays libérés d'Europe choisir leur propre gouvernement, etc.

Mais en fait, il s'agissait d'une série de compromis faits par Churchill et Roosevelt, car les Américains cherchaient désespérément l'aide de Staline sur le théâtre de guerre du Pacifique. Les États-Unis étaient prêts à accepter presque tout, le compromis le plus flagrant étant le sort de la Pologne. D'autre part, Staline s'est engagé à déclarer la guerre au Japon, mais il ferait aussi plus de gains territoriaux dans le processus.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne et les États-Unis sont devenus les alliés de l'Union soviétique uniquement dans le but de vaincre l'Allemagne nazie et Hitler. Lors de la conférence de Yalta, il est apparu clairement que des tensions apparaissaient entre les deux parties, qui tentaient d'organiser le monde de l'après-guerre.

Après la conférence, Roosevelt a reçu une lettre de Churchill déclarant que l'Union soviétique était devenue "un danger pour le monde libre". Les deux dirigeants ont également été critiqués par l'Occident à leur retour. Le caricaturiste Paul Plaschke a créé une caricature (alors publiée dans le Chicago Tribune) représentant les négociations entre les Alliés comme une partie de poker : Staline gagne facilement car il possède déjà l'Europe et s'apprête à s'emparer de la Chine et de l'Inde.