En effet, après quatre ans sous le régime de Vichy et l'occupation nazie, la France doit retrouver le chemin de la démocratie. Une Assemblée constituante fonde le nouveau régime républicain. La mission de la IVᵉ République est grande : elle doit reconstruire le pays après la dévastation apportée par le conflit mondial. Malgré une forte instabilité gouvernementale, elle parvient, aidée du plan Marshall, à relancer l'économie française, mettre en place la Sécurité sociale et contribuer à la construction européenne. C'est son incapacité à résoudre la guerre d'Algérie qui entraine la dissolution de la IVᵉ République.
- On verra ensemble la constitution de la IVᵉ République, avec le tripartisme et les Assemblées constituantes.
- Tu découvriras ensuite le rôle du Parlement bicaméral, du président de la République et du président du Conseil.
- Puis, on présentera les réalisations de la IVᵉ République, notamment la Sécurité sociale, le redressement du pays et l'engagement dans la construction européenne.
- Enfin, tu apprendras comment l'instabilité politique et surtout la guerre d'Algérie entrainent la chute du régime.
Naissance de la IVᵉ République
La IVᵉ République néée de la deuxième Assemblée constituante de l'après-guerre. Pour comprendre son rôle, il faut revenir un peu en arrière.
À la Libération de la France, le pays est dirigé par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) à partir de 1944. Comme l'indique son titre, ce gouvernement n'est pas fait pour durer, n'ayant pas été élu. Il organise le 21 octobre 1945 les premières élections nationales depuis la Seconde Guerre mondiale. Ces élections législatives entrainent un tripartisme, qui a le pouvoir lors des deux Assemblées constituantes.
Tripartisme
On désigne par tripartisme la coalition des trois partis ayant obtenu plus de 20 % des voix aux élections législatives de 1945 :
- le Parti communiste français (PCF), dirigé par Maurice Thorez et auréolé de la victoire soviétique en Europe de l'Est ;
- le Mouvement républicain populaire (MRP), dirigé par Maurice Schumann, parti démocrate-chrétien et centriste ;
- la section française de l'internationale ouvrière (SFIO), représentée par Léon Blum et ancêtre du parti socialiste.
Aucun parti n'ayant la majorité absolue, ils forment ensemble un gouvernement. Ils consolident leur alliance en janvier 1946 par la « Charte du tripartisme ».
En désaccord avec la nouvelle Assemblée nationale et la présence des communistes au gouvernement, De Gaulle démissionne de son poste de chef du GPRF, espérant pousser le MRP dans l'opposition. Il n'en est rien et le tripartisme demeure.
Assemblées constituantes
L'Assemblée nationale élue a pour mission d'élaborer une nouvelle Constitution. Deux Assemblées constituantes se succèdent ainsi au sein du GPRF :
- La proposition de la première Assemblée constituante est rejetée par référendum le 5 mai 1946, ce qui provoque de nouvelles élections législatives.
- La seconde Assemblée constituante, où le MRP est majoritaire, propose un nouveau projet de Constitution. Le 13 octobre 1946, le peuple l'approuve par référendum à 53,5 %.
La Constitution de la IVᵉ République est promulguée le 27 octobre 1946.
Si le tripartisme parvient à doter la France de nouvelles institutions démocratiques, il ne survit pas à leur création. L'alliance prend fin en mai 1947 lorsque les ministres communistes sont renvoyés du gouvernement, une décision provoquée par les dissensions croissantes entre les partis, majoritairement dues à la guerre froide.
Organisation de la IVᵉ République
La IVᵉ République s'impose en régime parlementaire qui reprend la majorité des éléments de la Troisième République.
Parlement bicaméral
Le Parlement de la IVᵉ République est composé de deux chambres : c’est donc un Parlement bicaméral. On a ainsi :
La différence entre la Troisième et la Quatrième République réside principalement dans l’inégalité de pouvoir entre les deux chambres.
Président de la République
Le président de la IVᵉ République est élu pour sept ans par le Parlement. Il ne peut dissoudre l’Assemblée nationale que dans des conditions strictes. En plus d'être le chef des armées, son rôle est principalement diplomatique et représentatif. C'est aussi lui qui nomme le président du Conseil des ministres.
La IVᵉ République ne connaît que deux présidents : Vincent Auriol (1947-1954) et René Coty (1954-1958).
Président du Conseil des ministres
Sous la IVᵉ République, c'est le président du Conseil des ministres qui détient le pouvoir exécutif. Généralement représentant d'un parti majoritaire à l'Assemblée nationale, il constitue un gouvernement avec l'approbation de cette dernière.
C'est l'équivalent de l'actuel poste de Premier ministre.
Image 1. Guy Mollet, président du Conseil, et Christian Pineau, ministre des Affaires étrangères, 1956Du fait de sa dépendance à l’Assemblée nationale, président du Conseil est un poste instable sous la IVᵉ République, mais nous y reviendrons bientôt.
Avancées de la IVᵉ République
Avant d'aborder les difficultés et la chute du régime, parlons un peu des avancées économiques et sociales réalisées par la IVᵉ République et son engagement européen.
Confirmation de la Sécurité sociale
L'idée de la Sécurité sociale ne date pas de la IVᵉ République, mais c'est elle qui l'entérine. Voici une brève chronologie des avancées de l'État-providence (welfare state) sous le GPRF et la IVᵉ République.1
Date | Acte |
4 et 19 octobre 1945 | Création de la Sécurité sociale. |
22 août 1946 | Définition des quatre prestations de la branche famille. |
27 octobre 1946 | Inscription du droit de chacun à « la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs » dans le préambule de la Constitution de la IVᵉ République. |
1ᵉʳ septembre 1948 | Création de l'allocation logement. |
30 juin 1956 | Création du minimum vieillesse, qui vise à garantir un niveau de ressources minimal aux personnes âgées. |
Au niveau social, parmi les autres réformes de la IVᵉ République, tu peux retenir :
Reconnaissance du droit à l'emploi et droit de grève dans le préambule de la Constitution.
Création du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) en 1951, ancêtre de notre SMIC.
Instauration de la troisième semaine de congés payés en 1956.
Redressement économique
La IVᵉ République a la lourde tâche de reconstruire économiquement un pays dévasté par la Seconde Guerre mondiale. Elle continue la politique de reconstruction du GPRF, qui procède à la nationalisation de secteurs-clés. Le premier Plan français est ainsi inauguré en 1946.2
Plan français : politique de planification économique du pays sur 5 ans, en vigueur de 1946–2006
Cette institution existe aujourd'hui sous le nom de France Stratégie.
Le premier commissaire général au Plan est Jean Monnet, ancien résistant. Il occupe ce poste de 1946 à 1952.
Image 2. Jean Monnet, 1952
Financées à partir d'avril 1948 par le plan Marshall, les initiatives de Jean Monnet font remonter la production. La population retrouve un mode de vie correct et les tickets de rationnement disparaissent en décembre 1949.
Les 2,8 milliards de dollars reçus par la France dans le cadre du plan Marshall financent la reconstruction des infrastructures, dont les voies de communication, la lutte contre l’inflation, le développement de l’industrie et la modernisation de l’agriculture.
C’est à partir de 1950 que la France entre véritablement dans les Trente Glorieuses, soit l’ère de la consommation de masse, du plein emploi et de la nouvelle classe moyenne.
Engagement européen
L'engagement européen de certains hommes politiques de la IVᵉ République entraine le début d'une fructueuse collaboration, d'abord économique puis politique, entre les pays du continent.
Poussée par les conditions du plan Marshall, la France intègre en 1949 l'Organisation du Traité Atlantique-Nord (OTAN) et participe à la création du Conseil de l'Europe.
Jean Monnet et Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, poursuivent la coopération européenne. Persuadés que les relations économiques permettent de préserver la paix, ils entament un dialogue avec l'Allemagne puis avec d'autres pays européens. En 1951, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et l'Allemagne de l'Ouest créent la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA). Ces mêmes pays signent ensuite en 1957 les deux traités de Rome, qui créent notamment la Communauté économique européenne (CEE).
Plonge dans l'histoire de l'Union européenne avec nos deux résumés de cours : la création de l'Europe et la construction européenne.
Crises de la IVᵉ République
Malgré une reconstruction réussie et des réalisations sociales et européennes, le régime est instable et ne parvient pas à gérer la décolonisation de l'Algérie.
Instabilité politique
Le régime de la Quatrième République reprend le parlementarisme de la Troisième République, ce qui entraine une même instabilité politique. Ainsi, bien qu'elle ne connaisse que 2 présidents de la République, elle voit passer 22 gouvernements en douze ans.
La durée de vie moyenne des gouvernements de la IVᵉ République est de sept mois. Les hauts fonctionnaires assurent la continuité des politiques de reconstruction.
De Gaulle profite de sa retraite du pouvoir pour créer son parti, le Rassemblement du peuple français (RPF) en 1947, dénonçant ce régime parlementaire. Il a pour programme politique la défense d'un pouvoir exécutif fort, comme détaillé quelques mois auparavant dans son discours de Bayeux (16 juin 1946). Son parti progresse dans les élections, avant de s'essouffler en 1955. Mais De Gaulle n'a pas dit son dernier mot.
Image 3. Permanence parisienne du Rassemblement du peuple français, 1947
La décolonisation française
La IVᵉ République doit gérer les mouvements d'indépendance des colonies françaises, soit le début de la décolonisation française, notamment en Indochine et en Algérie. C'est cette dernière qui entraine la chute du régime.
Guerre d'Indochine (1946–1954)
La première guerre d'Indochine se solde par la victoire relative du mouvement indépendantiste vietnamien Viêt Minh. La conférence de Genève de 1954 met fin à la domination française dans cette région.
Ministre des Affaires étrangères puis président du Conseil, Pierre Mendès France (PMF pour les intimes) s'oppose au maintien de la colonisation en Indochine et contribue à la résolution du conflit. Il débute aussi le processus d'indépendance de la Tunisie et du Maroc. Sa position sur l'Algérie, qu'il considère comme française, entraine le renversement de son gouvernement en 1955.
Guerre d'Algérie (1954–1962)
C'est la guerre d'Algérie qui fait chuter la Quatrième République. En effet, les indépendantistes se battent depuis 1954 contre l'occupation française, mais les gouvernements successifs ne parviennent pas à régler la situation et le conflit s'enlise. La France est au bord de la guerre civile.
Le 13 mai 1958 voit un coup d'État à Alger, où des partisans de l'Algérie française prennent le contrôle du gouvernement général et demandent le retour de Charles de Gaulle. Le 1ᵉʳ juin, il est institué président du Conseil et obtient les pleins pouvoirs le lendemain. Il peut enfin appliquer ses idées d'un régime présidentiel fort.
La Constitution de la Vᵉ République est adoptée par référendum le 28 septembre et promulguée le 4 octobre 1958. C'est le coup de grâce pour la IVᵉ.
IVe République - Points clés
- La IVᵉ République est le régime parlementaire en vigueur France de 1946–1958.
- Une Assemblée constituante, dirigée par un tripartisme, rédige sa Constitution, promulguée le 27 octobre 1946.
- L'Assemblée nationale est l'institution la plus puissante, tandis que le président de la République a peu de pouvoir exécutif, au profit du président du Conseil des ministres.
- La IVᵉ République est marquée par l'instabilité ministérielle.
- Elle se charge :
- de la reconstruction du pays, appuyée par le Plan Marshall ;
- de la mise en place de la Sécurité sociale ;
- d'entamer la collaboration européenne.
- La guerre d'Algérie cause la chute de la IVᵉ République, remplacée le 4 octobre 1958 par la Vᵉ République.
Références
- « Les grandes dates », site Internet La Sécurité sociale (consulté le 28 mars 2023)
- « Le premier Plan de modernisation et d'équipement », Site Internet France Stratégie (publié le 19 janvier 2016, consulté le 29 mars 2023)
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Gabriel Freitas est un ingénieur en intelligence artificielle possédant une solide expérience en développement logiciel, en algorithmes d’apprentissage automatique et en IA générative, notamment dans les applications des grands modèles de langage (LLM). Diplômé en génie électrique de l’Université de São Paulo, il poursuit actuellement une maîtrise en génie informatique à l’Université de Campinas, avec une spécialisation en apprentissage automatique. Gabriel a un solide bagage en ingénierie logicielle et a travaillé sur des projets impliquant la vision par ordinateur, l’IA embarquée et les applications LLM.
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