Après-guerre

La reconstruction mondiale

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'heure est à la reconstruction et au maintien de la paix.

Procès de Nuremberg

Du 20 novembre 1945 au 1ᵉʳ octobre 1946, 24 hauts responsables nazis sont jugés au procès de Nuremberg.

Ce procès se déroule sous l'autorité du Tribunal militaire international, fondé par les accords de Londres de 1945. Il est composé de quatre juges, quatre procureurs et quatre assesseurs issus des puissances alliées (la Grande-Bretagne, la France, les États-Unis et l'URSS). C'est le début de la justice internationale.

Image 1. Le banc des accusés au procès de Nuremberg

Les chefs d'accusation sont les suivants : complot, crimes de guerre, crimes contre la paix et crimes contre l'humanité. Ces derniers sont définis et utilisés pour la première fois.

Ce procès est accompagné du processus de dénazification organisé par les Alliés après la chute du IIIᵉ Reich. L'objectif est de faire disparaitre le national-socialisme.

Les organisations internationales

Au niveau international, une nouvelle forme de coopération se met en place. L'Europe d'après-guerre est le catalyseur de la création de programmes mondiaux tels que l'ONU ou l'OTAN.

Image 2. Logo de l'ONU

Durant la guerre, plusieurs documents sont signés par des puissances alliées contre l'Axe, comme la déclaration de Saint-James en 1941 ou la déclaration des Nations Unies en 1942. Après une série de conférences pour organiser l'après-guerre, 51 États signent la Charte des Nations Unies le 26 juin 1945. Elle entre en vigueur le 24 octobre 1945 et fonde l'Organisation des Nations Unies (ONU).

L'Organisation des Nations Unies remplace la Société des Nations (1920-1946) qui échoue à prévenir une autre guerre mondiale. Ses objectifs premiers sont le maintien de la paix et la sécurité internationale.

L'organisation monétaire mondiale se transforme avec les accords de Bretton Woods signés en 1944 par 44 États. Ils visent à établir un système financier plus stable, permettant notamment d'éviter les krachs boursiers comme la crise de 1929. Le nouveau système monétaire international se dote entre autres de deux organisations :

• le Fonds Monétaire International (FMI), qui doit gérer les crises monétaires et financières en fournissant des crédits aux pays en difficulté financière.

• la Banque Mondiale, qui s'attache à fournir des financements et des conseils aux pays en développement.

Le début de la guerre froide

La conférence de Potsdam et le plan Marshall alimentent la dégradation des relations entre l'Union soviétique et les États-Unis. L'Europe de l'après-guerre met en lumière les différences idéologiques entre l'Union soviétique et les États-Unis qui se cristallisent lors de la guerre froide.

Doctrine Truman et doctrine Jdanov

L'année 1947 marque le début officiel de la bipolarisation du monde. Les deux superpuissances ont des différences idéologiques irréconciliables. On le voit avec les doctrines Truman et Jdanov.

En mars 1947, le président américain Harry Truman présente une nouvelle politique de paix, la stratégie de containment, soit l'endiguement de l'avancée communiste en Europe et dans le monde. Il présente les États-Unis comme les défenseurs du monde libre et rompt avec la politique isolationniste de ses prédécesseurs.

En réaction, Andreï Jdanov, idéologue du parti communiste en URSS, participe à la création du Kominform, un instrument de coordination idéologique. En septembre 1947, il présente l'URSS comme le camp anti-impérialiste et démocratique face aux États-Unis, le modèle inverse.

Des alliances militaires se forment :

• En 1949, l'OTAN rassemble initialement 12 pays. L'Allemagne de l'Ouest l'intègre en 1955.

• Pour s'y opposer, le Pacte de Varsovie réunit 7 républiques de l'Est en 1955, rejointes par l'Allemagne de l'Est l'année suivante.

Le rideau de fer

L'expression « rideau de fer » désigne cette séparation idéologique en Europe, entre les zones d'influence soviétique et américaine. C'est Winston Churchill, figure politique britannique, qui popularise l'expression.

– Winston Churchill, 5 mars 1946¹

La séparation devient physique à partir de 1949 quand la Hongrie, bientôt suivie d'autres pays communistes, érige une barrière tout le long de sa frontière ouest. En 1961, le mur de Berlin devient le symbole mondial de cette frontière.

Blocus de Berlin-Ouest

Les trois puissances américaine, britannique et soviétique décident de la division de l'Allemagne en quatre sections, chacune étant dominée par l'armée d'une nation alliée différente : les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Union soviétique. Berlin, située dans la zone communiste, est également divisée en quatre secteurs.

Le 24 juin 1948, face à l'unification économique des zones britanniques et américaines et le projet de création d'un État allemand occidental de libre marché, Staline ordonne le blocus de Berlin. Il espère prendre le contrôle de toute la ville ou obliger les Occidentaux à négocier.

La Grande-Bretagne et les États-Unis mettent alors en place un pont aérien pour ravitailler Berlin. Cette opération de grande ampleur dure plus d'un an. Le 12 mai 1949, Staline lève le blocus.

Image 3. Berlinois observant l'atterrissage d'un avion américain en 1948

Allemagne de l'Ouest et Allemagne de l'Est

Après l'échec du blocus de Berlin-Ouest, la division en deux camps de l'Allemagne devient officielle. Le 23 mai 1949, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne combinent leurs territoires allemands pour créer la République fédérale allemande (RFA). L'Union soviétique crée de son côté la République démocratique allemande (RDA) le 7 octobre. Les gouvernances respectives de RFA et RDA sont radicalement opposées.

La reconstruction européenne d'après-guerre

La reconstruction de l'Europe d'après-guerre s'attaque aux crises économiques et humanitaires provoquées par la Seconde Guerre mondiale.

Le plan Marshall

Image 4. La ville de Saint-Lô en Normandie en 1944²

Les bombardements de la Seconde Guerre mondiale ont détruit de nombreuses villes. Certaines usines industrielles en ressortent presque indemnes, mais ont néanmoins besoin de réparations mineures. Il n'y a aucun moyen d'exporter des marchandises, comme les infrastructures de transport sont gravement touchées.

L'Europe occidentale est donc dans une situation où, à moins d'une intervention extérieure, une grande partie de la population va mourir de faim, en raison de la perte de la production agricole et de l'endettement massif contracté auprès des États-Unis.

– George C. Marshal, 5 juin 1947³

La loi sur la coopération économique, plus connue sous le nom de plan Marshall, est créée par George C. Marshall et adoptée en 1948. Ce programme américain de quatre ans accorde aux pays européens treize milliards de dollars pour la reconstruction. Cela leur permet d'acheter du matériel (principalement issu des États-Unis) et de renouveler la production, tout en assurant la pérennité des aides sociales et la mise en place de l'État providence (welfare state).

La loi Marshall est assortie de conditions financières. Le plan prévoit également des moyens de réduire l'inflation. Ces exigences établissent le cadre d'une économie de marché. Les pays communistes, opposés à ce type d'économie, n'en profitent pas.

Les pays bénéficiaires du plan Marshall deviennent liés économiquement : entrer en guerre les uns contre les autres nuirait à leurs économies respectives. C'est donc aussi une législation préventive.

En France, le plan Marshall est associé aux plans quinquennaux de reconstruction économique et d'industrialisation. Le premier d'entre eux, le plan Monnet, prévoit l'exploitation de mines et usines allemandes pour accélérer la production française.

Situation démographique : baby-boom contre stagnation démographique

Plus de soixante millions de personnes sont mortes lors de la Seconde Guerre mondiale à cause des batailles, des bombardements, de la famine, des maladies et des génocides. Des milliers ont fui l'Europe et quinze millions d'Allemands se voient obligés de se déplacer après la conférence de Potsdam, le territoire sur lequel ils vivaient étant passé sous le contrôle d'autres pays.

Dans l'immédiate après-guerre, la situation démographique n'est donc pas réjouissante, mais une hausse de la natalité permet quelquefois d'y remédier. En effet, après un conflit, un pic des naissances est souvent observé. C'est ce qu'on surnomme le baby-boom. Il est généralement de courte durée, comme en 1919.

Cependant, dès 1943, la France connait un pic de natalité qui dure jusqu'au milieu des années 1960. C'est aussi le cas ailleurs, comme aux États-Unis ou en Angleterre. Si ces causes exactes sont encore inexpliquées, il existe une corrélation entre la croissance économique et la croissance démographique. Ainsi, globalement, les pays ayant accepté le plan Marshall sont touchés par un baby-boom, tandis que d'autres se rétablissent plus lentement.

La création de l'Europe

Outre une coopération économique sous la tutelle des États-Unis, on assiste à la création de l'Europe. Elle se fait graduellement depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et répond à un double objectif : assurer la paix et la prospérité économique des États membres.

– Robert Schuman, 9 mai 1950⁴

Sous l'impulsion de Jean Monnet et du ministre des Affaires étrangères Robert Schuman, soutenus par le chancelier de la RFA Konrad Adenauer, six pays se réunissent pour former la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier en 1951. La CECA entre en vigueur en 1952 et s'applique donc au Benelux (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas), en Allemagne de l'Ouest, en France et en Italie. Il s'agit d'un marché unique pour soutenir et moderniser les industries, ainsi que pour améliorer les conditions de travail dans ces secteurs.

En 1957, ces mêmes pays s'allient pour former la Communauté économique européenne en ratifiant les traités de Rome.

France républicaine et décolonisation de l'après-guerre

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la France retrouve un régime républicain et entre dans la période prospère des Trente Glorieuses. Le mouvement de décolonisation qui touche le monde frappe aussi la France qui perd la majorité de ses colonies.

Le retour de la République

L'immédiat après-guerre est marqué en France par la fin du régime de Vichy et le retour d'un régime démocratique. Le 27 octobre 1946, la IVᵉ République remplace le gouvernement provisoire de la République française. Le régime est similaire au parlementarisme de la Troisième République. Les dossiers politiques sont la reconstruction, la guerre froide et la décolonisation. L'instabilité politique n'empêche pas des avancées économiques et sociales et un engagement européen.

Le 4 octobre 1958, la crise d'Algérie provoque un séisme politique en France et la Vᵉ République est mise en place. Ce régime est encore en place de nos jours.

Les Trente Glorieuses

De la fin de la guerre jusqu'aux chocs pétroliers des années 1970, une grande prospérité économique règne dans les pays industriels, dont la France. Ce sont les Trente Glorieuses.

La France connait ainsi :

• un taux de croissance annuelle de 5 % à partir de 1950 ;

• un taux de chômage inférieur à 2 % ;

• une croissance démographique (baby-boom) ;

• un important exode rural et une urbanisation accélérée ;

• une augmentation du pouvoir d'achat ;

• le développement de la consommation de masse ;

• la démocratisation de la télévision, de la machine à laver le linge et du lave-vaisselle.

La décolonisation

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les colonies françaises, principalement le Sénégal, l'Algérie, le Maroc, l'Indochine et Madagascar, perdent plus de 20 000 hommes au combat. Si à la Libération les troupes coloniales sont célébrées, on leur accorde des pensions inférieures à celles des soldats européens. La défaite française face à l'Allemagne montre aussi son statut de colosse aux pieds d'argile.

Ces désillusions, le mouvement des non-alignés, la pression internationale et l'organisation des mouvements indépendantistes déjà existants contribuent à la chute de la France coloniale.

Le mouvement de décolonisation française se fait selon des modalités différentes en fonction des territoires :

• Les mandats français au Liban et en Syrie se terminent en 1945, après des combats et l'intervention du Royaume-Uni.

• En Asie, la métropole, soutenue par les États-Unis, s'enlise dans la première guerre d'Indochine (1946-1954) pour contrer le mouvement indépendantiste appuyé par le Parti communiste vietnamien. La guerre se termine par les accords de Genève en 1954 et l'indépendance du Laos, du Cambodge et du Vietnam. La partition de ce dernier constitue un élément de déclenchement de la guerre du Vietnam.

• La fin du protectorat français au Maroc et en Tunisie est actée en 1956.

• La plus grosse vague de décolonisation se déroule en 1960. Après la mise en place de la Communauté française et l'indépendance de la Guinée en 1958, 14 colonies d'Afrique deviennent indépendantes.

• Les trois dernières colonies à retrouver leur souveraineté sont l'Algérie en 1962, les Comores en 1975 et Djibouti en 1977.

Image 5. Soldats algériens en 1958