Période critique

L'hypothèse de la période critique

L'hypothèse de la période critique (CPH) soutient qu'il existe une période critique pour qu'une personne apprenne une nouvelle langue à un niveau de compétence natif. Cette période critique commence généralement vers l'âge de deux ans et se termine avant la puberté¹. L'hypothèse implique que l'acquisition d'une nouvelle langue après cette fenêtre critique sera plus difficile et moins réussie.

Période critique en psychologie

La période critique est un concept clé dans le domaine de la psychologie. La psychologie a souvent des liens étroits avec la langue anglaise et la linguistique, l'un de ses principaux domaines d'étude étant l'acquisition des langues.

Période critique Définition de la psychologie

En psychologie du développement, la période critique est le stade de maturation d'une personne, où son système nerveux est amorcé et sensible aux expériences environnementales. Si une personne ne reçoit pas les bons stimuli environnementaux pendant cette période, sa capacité à acquérir de nouvelles compétences s'affaiblira, ce qui affectera de nombreuses fonctions sociales à l'âge adulte. Si un enfant traverse une période critique sans apprendre une langue, il est très peu probable qu'il parvienne à parler couramment sa première langue².

Graphique de la facilité d'acquisition des langues.

Pendant la période critique, une personne est prête à acquérir de nouvelles compétences grâce à la neuroplasticité du cerveau. Les connexions dans le cerveau, appelées synapses, sont très réceptives aux nouvelles expériences puisqu'elles peuvent former de nouvelles voies. Le cerveau en développement a un haut degré de plasticité et devient progressivement moins "plastique" à l'âge adulte.

Périodes critique et sensible

À l'instar de la période critique, les chercheurs utilisent un autre terme appelé "période sensible" ou "période critique faible". La période sensible est similaire à la période critique puisqu'elle est caractérisée comme une période pendant laquelle le cerveau a un niveau élevé de neuroplasticité et est prompt à former de nouvelles synapses. La principale différence est que l'on considère que la période sensible dure plus longtemps au-delà de la puberté, mais les limites ne sont pas strictement fixées.

L'acquisition de la première langue pendant la période critique

C'est Eric Lenneberg, dans son livre Biological Foundations of Language (1967), qui a introduit pour la première fois l'hypothèse de la période critique concernant l'acquisition du langage. Il a proposé que l'apprentissage d'une langue avec une compétence de haut niveau ne puisse se faire qu'au cours de cette période. L'acquisition d'une langue en dehors de cette période est plus difficile, ce qui réduit les chances d'atteindre la maîtrise de la langue maternelle.

Il a proposé cette hypothèse en se basant sur des témoignages d'enfants ayant vécu certaines expériences dans leur enfance qui ont affecté leur capacité à parler leur première langue. Plus précisément, les preuves étaient basées sur les cas suivants :

• Les enfants sourds qui n'ont pas développé une compétence native en langage verbal après la puberté.

• Les enfants qui ont subi une lésion cérébrale ont de meilleures perspectives de récupération que les adultes. Les enfants atteints d'aphasie ont plus de chances d'apprendre une langue que les adultes atteints d'aphasie.

• Les enfants qui ont été victimes de maltraitance pendant la petite enfance ont plus de difficultés à apprendre la langue car ils n'y ont pas été exposés pendant la période critique.

Exemple de période critique

Genie est un exemple de période critique. Genie, que l'on appelle "l'enfant sauvage", est une étude de cas clé en ce qui concerne la période critique et l'acquisition du langage.

Enfant, Genie a été victime de violences domestiques et d'isolement social. Cela s'est passé de l'âge de 20 mois jusqu'à l'âge de 13 ans. Pendant cette période, elle ne parlait à personne et n'avait que rarement des interactions avec d'autres personnes. Cela signifie qu'elle n'a pas été en mesure de développer des compétences linguistiques adéquates.

Lorsque les autorités l'ont découverte, elle ne pouvait pas parler. En quelques mois, elle a acquis quelques compétences linguistiques grâce à un enseignement direct, mais le processus était assez lent. Bien que son vocabulaire se soit enrichi au fil du temps, elle avait du mal à apprendre la grammaire de base et à tenir des conversations.

Les scientifiques qui ont travaillé avec elle ont conclu qu'étant donné qu'elle n'était pas capable d'apprendre une langue pendant la période critique, elle ne serait pas en mesure d'atteindre une pleine compétence linguistique pour le reste de sa vie. Bien qu'elle ait nettement amélioré sa capacité à parler, son discours présentait encore de nombreuses anomalies et elle avait du mal à interagir socialement.

Le cas de Genie confirme dans une certaine mesure la théorie de Lenneberg. Cependant, les universitaires et les chercheurs continuent de se disputer sur ce sujet. Certains scientifiques affirment que le développement de Genie a été perturbé en raison du traitement inhumain et traumatisant qu'elle a subi pendant son enfance, ce qui a provoqué son incapacité à apprendre une langue.

L'acquisition d'une seconde langue pendant la période critique

L'hypothèse de la période critique peut être appliquée dans le contexte de l'acquisition d'une seconde langue. Elle s'applique aux adultes ou aux enfants qui maîtrisent leur première langue et essaient d'en apprendre une seconde.

La principale preuve de l'application de l'hypothèse de la période critique à l'acquisition d'une seconde langue est l'évaluation de la capacité des apprenants plus âgés à comprendre une seconde langue par rapport aux enfants et aux adolescents. Une tendance générale qui peut être observée est que les jeunes apprenants maîtrisent complètement la langue par rapport à leurs homologues plus âgés³.

Bien qu'il existe des exemples d'adultes qui maîtrisent très bien une nouvelle langue, ils conservent généralement un accent étranger, ce qui n'est pas le cas des jeunes apprenants. La conservation d'un accent étranger est généralement due à la fonction que le système neuromusculaire joue dans la prononciation de la parole.

Les adultes ont peu de chances d'obtenir un accent natif car ils ont dépassé la période critique d'apprentissage de nouvelles fonctions neuromusculaires. Ceci étant dit, il existe des cas particuliers d'adultes qui atteignent une compétence quasi native dans tous les aspects d'une seconde langue. C'est pourquoi les chercheurs ont trouvé difficile de faire la distinction entre la corrélation et la causalité.

Certains ont affirmé que la période critique ne s'applique pas à l'acquisition d'une seconde langue. Au lieu que l'âge soit le facteur principal, d'autres éléments tels que les efforts fournis, l'environnement d'apprentissage et le temps passé à apprendre ont une influence plus importante sur la réussite de l'apprenant.

1. Kenji Hakuta et al, Critical Evidence : A Test of the Critical-Period Hypothesis for Second-Language Acquisition, 2003.

2. Angela D. Friederici et al, Brain signatures of artificial language processing : Evidence challenging the critical period hypothesis, 2002.

3. Birdsong D., Second Language Acquisition and the Critical Period Hypothesis (Acquisition d'une langue seconde et hypothèse de la période critique). Routledge, 1999.